La question des Rohingyas est un cas en suspens et constitue une preuve évidente de l’impuissance de la communauté internationale à faire face aux violations humanitaires et aux horribles massacres infligés à la minorité Rohingya au Myanmar. La communauté internationale est toujours incapable de trouver une solution juste qui préserve les principes humanitaires, les concepts de justice et les valeurs éthiques communes à toute l'humanité dont de nombreux États en sont fiers et les incluent dans leurs constitutions et leurs conventions et pactes internationaux. Malheureusement, la réalité est différente. La communauté internationale reste incapable de préserver les droits de cette minorité musulmane, de mettre fin aux massacres et aux violations barbares perpétrés contre le peuple musulman Rohingya et de refreiner ceux qui sont à l'origine de ces violations.
La minorité Rohingya a été chassée de son territoire et privée de tout droit relatif à son pays d'origine, l'Arakan, ainsi que de son droit à l'autodétermination. Les Rohingyas, ou Bormanions, comme nous les appelons en Arabie Saoudite, sont le peuple autochtone du royaume Arakan de l'Asie du Sud-Est occupée par la Birmanie et annexée à celle-ci comme l'une de ses régions dont les habitants se sont convertis à l'Islam au deuxième siècle (siècle hijri) par les commerçants arabes.
Les souffrances des musulmans Rohingyas ont commencé en 1784 lorsque le bouddhiste Bouddha Baya a occupé la région d'Arakan et l'a annexée à la Birmanie. À la suite de cette catastrophe historique, une partie de la population Rohingya a commencé à émigrer de la Birmanie. Leur migration, ou fuite, s’est dirigée vers des États musulmans voisins tels que le Pakistan, le Bangladesh, l’Inde, la Malaisie, la Thaïlande et certains États arabes du Golfe. Le Royaume d’Arabie saoudite accueille les Rohingyas depuis 1948. On en compte maintenant 300 000, principalement dans la région de Makkah Al-Mukarama.
Le monde entier a été témoin des violations les plus douloureuses perpétrées contre les Rohingyas au Myanmar, telles que meurtre, dispersion, génocide et incendies de maisons. Les Rohingya ont été soumis à des actes brutaux qui ont choqué des communautés humaines de cultures et d'orientations différentes. Les mass médias mondiaux ont reporté de telles actions honteuses au monde entier. L’organisation « Human Rights Watch » a directement accusé les membres du gouvernement birman d’avoir commis d’actes de nettoyage ethnique et de massacres contre les musulmans Rohingyas. Le rapport de la Mission internationale a confirmé que les forces armées du Myanmar avaient incendié des villages entiers. Plusieurs cas de meurtres aléatoires, de viols des femmes et d'attaques d'enfants ont été enregistrés, ainsi que des cas de disparitions forcées, ainsi que d'autres formes de violence, de répression et d'esclavage des minorités en Birmanie, décrites dans le rapport comme équivalant à des actes de génocide. Même l'ancienne présidence birmane considérait que la seule solution possible pour la minorité Rohingya non-reconnue, consistait à les rassembler dans des camps de réfugiés ou à les déporter à l'étranger. Dans une déclaration officielle, l'ancienne présidence a déclaré qu'il était impossible d'accepter les Rohingyas, qui entraient illégalement dans le pays, et qu'ils ne faisaient pas partie de notre ethnie. Cela reflète la position officielle du gouvernement du Myanmar qui a abouti à commettre d’actes pervers de manière extrême.
Le Royaume d’Arabie saoudite a dénoncé cette position et demandé au gouvernement du Myanmar d’accorder tous les droits de citoyenneté aux musulmans Rohingyas de l’État de Rakhine, de leur permettre de voter aux élections, de leur accorder le droit de définir leur identité ethnique et de prendre les mesures nécessaires, à savoir empêcher leur exploitation, y compris la traite des êtres humains, et à la coopération avec la communauté internationale pour assurer le retour de tous les réfugiés musulmans et de ceux qui ont été dispersés. En outre, assurer la coopération avec toutes les parties et permettre un accès total de l'assistance humanitaire à ces dernières.
Il faudra amender la loi sur la citoyenneté de 1982 afin d'inclure toutes les minorités religieuses et ethniques, y compris les Rohingyas, afin de garantir des droits de citoyenneté totaux et égaux. Cela devra s'ajouter à l’élimination de toutes sortes de politiques qui ciblent les Rohingyas dans l'État de Rakhine, en particulier celles qui violent les droits de l'homme fondamentaux. Le Royaume a exprimé ses regrets de l’absence de coopération du gouvernement du Myanmar et a les appelés à coopérer et à permettre au Rapporteur spécial des Nations Unies, Yangee Lee, d'entrer dans le pays et d'avoir un accès sécurisé à toutes les zones touchées.
La position du Royaume d’Arabie saoudite sur la crise des Rohingyas est claire et précise: exiger l’arrêt des actes barbares et des violations des droits de l’homme. Le Royaume a utilisé ses capacités et ses pouvoirs diplomatiques dans les cercles internationaux pour faire pression sur le gouvernement de Birmanie afin qu'il mette fin à tous les actes sauvages dirigés contre les Rohingyas. Cela s’avère évident et naturel, car la cause de la minorité musulmane au Myanmar est une question prioritaire qui concerne le Royaume sur la scène internationale, dans le domaine de la défense des droits des minorités musulmanes et des Musulmans en général, ainsi que pour la défense des causes humanitaires dont la cause Rohingya qui matérialise en soi, toutes ces dimensions religieuses et humanitaires.
Le Royaume a également dénoncé la non-reconnaissance des musulmans Rohingyas en tant que citoyens depuis 1982, sous prétexte qu'ils étaient des immigrants bengali illégaux. Dans le cadre de l'aide humanitaire, le Royaume leur a offert la somme de 50 millions de dollars américains pour alléger leurs souffrances à la suite des massacres perpétrés par des extrémistes bouddhistes.
Il est clair que la migration forcée et les violations contre la minorité Rohingya se poursuivent malgré les résolutions internationales qui exigent du gouvernement du Myanmar de créer les conditions appropriées pour mettre fin aux violations et de mettre fin à la migration forcée de la minorité musulmane Rohingya vers les pays voisins, ainsi que faciliter le retour dans leur pays, notamment selon le protocole d’entente signé entre le Haut- Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés et le PNUD, au début du mois de juin 2018, et le gouvernement du Myanmar ; obliger le Myanmar à trouver une solution à la crise et au retour volontaire des réfugiés rohingyas dans leurs foyers sans aucune entrave. Le gouvernement du Myanmar devrait respecter l'application de ce mémorandum et mettre fin au sort tragique des réfugiés rohingyas. Cela s’ajoute à la demande faite à la communauté internationale de trouver une solution humanitaire aux problèmes des Rohingyas en vue de les protéger contre d’actes de violence et de nettoyage ethnique et d'être reconnus comme des citoyens à part entière.
Membre Conseil de la Choura Saoudien