UPCI : le slogan de la 17ème Session de la Conférence de l’UPCI est le développement et la renaissance, ainsi que le rôle des parlements dans la réalisation de cette aspiration et de cet espoir. Comment les parlements peuvent-ils concrétiser cette évolution et cette renaissance par le biais du processus législatif ?
S.E.M. Goudjil: Les parlements ont un rôle majeur et direct dans la réalisation et l’enrichissement du développement et de modernisation. Leurs vastes pouvoirs et leurs mécanismes législatifs et de contrôle leur permettent d’exercer leur rôle central dans la mise en œuvre de l’agenda mondial pour le développement durable, en contribuant à l’élaboration de plans et de stratégies appropriés en proposant des lois pertinentes et en approuvant la législation meilleures pratiques en matière de répartition du budget aux secteurs de développement, en plus d’étudier les priorités et de suivre l’avancement de la mise en œuvre des projets par le biais d’enquêtes et de visites sur le terrain.
Nous avons choisi le thème du développement et de la modernisation pour la Conférence d’Alger, étant donné le besoin urgent des pays islamiques d’une véritable renaissance du développement, dans laquelle nous investissons nos capacités d’une manière qui serve les intérêts de nos peuples, et considérant que l’avenir est pour la modernisation, la digitalisation, et veille technologique dans tous les domaines. Il faut tenir compte des erreurs du passé et ne pas succomber dans des pratiques désuètes.
La modernisation est la voie vers un monde moderne. Il est de notre devoir d’accompagner ce rythme tendance d’une manière qui préserve nos avantages et notre vie privée en tant que monde islamique qui a une histoire civilisationnelle enracinée dans le développement, le renouveau et l’ouverture. Dans ce contexte, je réaffirme, depuis cette tribune parlementaire estimée, l’impossibilité de réaliser tout progrès ou développement sans pleine souveraineté, qui à son tour ne peut être réalisée sans soutenir l’indépendance de la décision politique nationale à travers l’indépendance de mesure économique concrètement et non pas verbalement, avec des pratiques réelles, étudiées et concrètes, ayant confiance dans la légitimité et l’efficacité de ce droit souverain sans retour en arrière ni remise en cause.
C’est l’approche adoptée par l’Algérie nouvelle, dont les piliers ont été posés par le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, à travers un programme de développement prometteur dans lequel se concrétise l’indépendance des décisions politiques et économiques de manière à servir les intérêts du peuple et de l’Etat, loin de toute forme de dépendance ou d’hégémonie.
Cela s’est traduit par plusieurs décisions et mesures au profit de la réalisation d’une véritable renaissance économique, émanant de la constitution de 2020 qui a été approuvée par le peuple algérien le premier novembre 2020, qui a consacré la pratique démocratique et, ouvert à l’Algérie des perspectives économiques dignes de son nouvel âge historique. La dernière de ces décisions est la révision de la loi monétaire et des crédits, pour accompagner les profondes réformes économiques. Nous avons commencé à récolter ses premiers fruits, ainsi que la ratification du texte de la loi sur l’investissement, qui va de pair avec la mobilité positive de ce secteur dans la nouvelle Algérie.
UPCI : Bien que la Cause Palestinienne ait commencé au cours du siècle dernier, le peuple palestinien en difficulté est toujours confronté aux types d’injustice les plus cruels, où les fidèles musulmans se voient refuser l’accès à la mosquée Al-Aqsa, à la première Qibla et au troisième des sanctuaires, pour accomplir les rituels de leur religion islamique en raison de la persécution des autorités d’occupation israéliennes. Comment votre Excellence considère-t-elle le rôle de l’UPCI dans la réalisation d’une plus grande solidarité mutuelle entre les Parlements membres, afin de soutenir la lutte légitime du peuple palestinien non armé ?
S.E. M. Ghoudjil: porter atteinte à l’inviolabilité de la mosquée Al-Aqsa et la fermer au nez des fidèles est un comportement barbare qui s’ajoute aux pratiques répugnantes dont souffrent en silence les Palestiniens, telles que le déplacement, la détention, l’assassinat, la persécution, l’usurpation de terres et de biens, la déportation de citoyens et la construction de colonies au vu et au su de la communauté internationale. Il s’agit d’une méthodologie colonialiste dont le but est de semer le désespoir et le découragement dans les rangs palestiniens et de les pousser à la reddition.
La cause palestinienne a été et restera le pivot de notre action, de notre lutte et de notre cause centrale. Le laxisme de la communauté internationale à son égard ne nous empêchera pas d’apporter toutes les formes d’aide et de soutien inconditionnel au peuple palestinien jusqu’à la restauration de ses droits légitimes et l’établissement de son État sur les lignes du 4 juin 1967, avec Al-Qods comme capitale. Ceci est conforme aux références internationales, aux résolutions de légitimité internationale et à l’Initiative de paix arabe du Sommet de Beyrouth de 2002.
Dans ce contexte, je rappelle la Déclaration d’Alger, adoptée par le 31e Sommet arabe, qui a été accueilli par l’Algérie les 1er et 2 novembre 2022, où la cause palestinienne était en tête de son agenda.
Les dirigeants des États arabes ont salué les efforts déployés par les Arabes en vue d’unifier les rangs palestiniens, et se sont félicités de la signature, par les frères palestiniens, de la « Déclaration d’Alger » émanant de la Conférence sur la réunification des factions en vue de réaliser l’unité nationale palestinienne, qui s’est tenue les 12 et 13 octobre 2022, sous le haut patronage du Président de la République M. Abdul Majid Tebboune. Ils ont également souligné la centralité de la cause palestinienne et le soutien absolu aux droits inaliénables du peuple palestinien, y compris ses droits à la liberté, à l’autodétermination et à la création d’un État palestinien indépendant pleinement souverain.
La cause palestinienne nécessite une transparence totale dans toutes les positions. Nous, en tant que parlementaires et en notre qualité de représentants des peuples passionnément liés à la cause de la Palestine et de la mosquée Al Aqsa, avons la responsabilité d’exiger cette transparence, mais aussi de faire entendre la voix de cette cause dans le monde à travers les mécanismes de la diplomatie, et agir pour solidifier les relations entre les frères en Palestine loin des schismes et des séditions internes dont se nourrit l’occupation.
Louange à Allah, cela s’est concrétisé par l’Accord d’Alger. Cette rencontre historique qui a réuni toutes les parties et a mis fin à la discorde entre les frères en vue de réaliser l’unité et rassembler les efforts pour affronter l’occupation israélienne d’un seul cœur et d’une seule voix, après des tentatives et des efforts précédés d’intentions sincères envers notre principale cause centrale.
L’Algérie tenait à mettre fin à l’état de schisme de longue date entre les frères en Palestine. Cela découle de notre expérience historique face à la plus grande puissance coloniale du monde à l’époque, et du succès de notre révolution, la Révolution Al-Fateh de novembre 1954, qui était d’abord basée sur la réalisation de l’unité entre les Algériens comme première et l’étape la plus importante, indispensable pour remporter la victoire.
En tant que moudjahid ayant participé à cette révolution, j’ai été témoin de près du souci et de la détermination à éviter toute forme de discorde, en appelant les Algériens à s’engager dans cette grande guerre de libération sans aucune appartenance politique, idéologique ni éthique, et sans calculs pour parti ou catégorie ou intérêts personnels. C’est ce qu’a réalisé la grande force nationale populaire qui a vaincu un pouvoir colonialiste féroce qui a duré 132 ans.
L’UPCI a déployé des efforts dignes d’éloges dans le domaine de la défense de la cause palestinienne, que ce soit dans le cadre du Comité Palestine de l’UPCI ou lors de conférences régulières ou extraordinaires ; soit par sa participation aux activités des organisations parlementaires régionales et internationales ; aussi par sa présence fédératrice en rassemblant les peuples musulmans, qui est en soi une garantie de l’unité islamique dont nous avons besoin dans de telles circonstances. Il nous incombe, en tant qu’organisation parlementaire efficace, de continuer à propager et mettre au-devant, la cause palestinienne dans les forums parlementaires, et d’exhorter les parlements mondiaux et les peuples épris de liberté à affronter réellement l’occupation israélienne pour mettre fin l’expansion coloniale sioniste dans les régions arabes et islamiques.
UPCI: Le monde a été témoin du recul de la pandémie de coronavirus. Comment envisagez-vous la réactivation de l’action islamique commune dans le cadre de l’Union parlementaire des États membres de l’OCI ?
S.E. M. Ghoudjil: Les pays islamiques, comme d’autres pays du monde, ont souffert des répercussions de la propagation du virus Corona. Dieu soit loué, cette pandémie a reculé, grâce à Allah, puis aux efforts des États et des gouvernements, qui se sont adoptés à ses conditions conformément aux mesures et dispositions de protection requises, et aussi grâce à la compréhension, la coopération et la solidarité des peuples. Il nous incombe de réfléchir aujourd’hui à la manière de se remettre de cette phase critique et de répondre aux attentes post-Corona afin de mettre à niveau les économies de nos États, en particulier au milieu de l’ambiguïté et des changements accélérés que connaît désormais l’ordre financier mondial.
Nous pouvons considérer cette étape comme une opportunité en vue de contribuer au remodelage du système économique mondial et d’aller vers un nouveau système plus bénéfique, plus sûr et plus équitable pour nos peuples... et s’attacher à des valeurs universelles effectives telles que les principes de non-alignement que l’Algérie réclame pour sa promotion selon une nouvelle approche loin de la logique et des concepts de la période de guerre froide, surtout avec l’accentuation de la polarisation internationale aiguë qui ne sert pas les intérêts de nos pays, et fait obstacle à la réalisation des aspirations des peuples à la paix, au progrès, au développement, à la justice et à la souveraineté: Les Changements dont le monde a été témoin dans la phase post-pandémique sont une occasion de rallier les rangs des membres de l’UPCI et unifier les visions fédératrices pour s’impliquer à nouveau dans les contextes qui servent leurs intérêts.
Les parlementaires ont un rôle majeur dans cette entreprise à travers les mécanismes législatifs et de contrôle disponibles... Dans le cadre de notre monde islamique, la solidarité et la synergie dans l’adversité est une valeur sublime issue de notre héritage civilisationnel et des enseignements de notre vraie religion. Nous pouvons pratiquement l’incarner à travers l’UPCI. Il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire par le biais de la coordination et de la coopération entre les parlements pour apporter des alternatives appropriées à nos spécificités, et exhorter nos gouvernements à renforcer la coopération et à intensifier les accords de partenariat dans divers domaines.
UPCI : Des millions de migrants vivent dans des conditions difficiles après avoir été contraints de quitter leur pays à cause des conflits, des guerres, de la pauvreté et de la famine. Comment faire face à ce phénomène de migration et de déplacement, notamment dans les pays de l’UPCI?
S.E.M. Ghoudjil: La question de la migration et du déplacement est étroitement liée à tous les défis continus auxquels le monde est confronté aujourd’hui. Sa solution dépend de la mise en œuvre de politiques efficaces, non seulement pour la protection, la réintégration et la réinstallation, mais pour éliminer totalement la véritable cause profonde de ces phénomènes qui porte atteinte à la dignité des individus et menacent la sécurité et la stabilité des sociétés, et épuiser les budgets de l’État. Parmi ces causes figurent le colonialisme, le terrorisme et l’extrémisme violent, ainsi que les conflits, les crises, les violations flagrantes des droits de l’homme, et aussi la régression des niveaux de développement économique et de la fréquence croissance du rythme du changement climatique qui nous privent des besoins primordiaux de la vie et relancent malheureusement le mouvement de migration et de déplacement des zones touchées.
Dans ce contexte, il est de notre devoir, en tant que parlementaires, de contribuer à l’élaboration de solutions définitives en soutenant le droit des peuples à l’autodétermination, à la non-ingérence dans les affaires intérieures d’autres États et à l’adoption de l’option pacifique dans le règlement des différends et cimenter la politique de paix et de réconciliation nationale, renforcer la démocratie et atteindre les grands objectifs du développement durable, ainsi que à l’adoption de l’approche de la réconciliation, du dialogue et opter pour une stratégie de développement efficace comme solutions efficaces pour éliminer la violence, l’extrémisme et le terrorisme. Nous avons pu constater l’efficacité de cette approche dans notre expérience réussie en Algérie.
Nous, en Algérie, nous concentrons, en abordant ces questions dans le monde, sur les constantes de notre politique étrangère basée sur notre référence de novembre, dont l’un des piliers les plus importants est la défense de la justice et de l’équité, et le droit à la liberté et la souveraineté, d’où découle notre plein appui au droit des peuples à l’autodétermination. L’implication de l’UPCI dans cette tentative donne aux parlements un espace approprié pour contribuer à cette question. Nous l’avons ressenti à travers l’intérêt de ses conférences et commissions spécialisées pour la question de l’immigration et l’asile, qui est régulièrement présent à l’ordre du jour des travaux de l’UPCI. Nous attendons avec impatience une plus grande concrétisation de la coopération parlementaire islamique à travers la coordination des positions dans les forums internationaux et régionaux, et en plaidant en faveur d’une approche globale, équilibrée et solidaire dans laquelle les intérêts des pays d’origine, des pays de transit et des pays de destination, sont pris en compte de manière équilibrée, tout en plaidant de même pour intensifier la coopération et de faire progresser le partenariat économique entre les États de l’UPCI, et en utilisant la diplomatie parlementaire pour contrer le colonialisme et résoudre les litiges.
UPCI : La «Déclaration d’Alger» adoptée par la 47ème Réunion du Comité Exécutif de l’UPCI qui a été accueillie par votre auguste Parlement, a affirmé la nécessité de la coopération entre les Parlements Membres afin d’aborder la question du Changement Climatique. Comment pouvons-nous atteindre cet objectif dans la réalité ?
S.E.M. Goudjil: Bien sûr, nous devons améliorer le niveau de coopération entre les Parlements membres de l’UPCI pour aborder la question du changement climatique qui frappe les États du monde à des degrés divers. Malheureusement, les personnes les plus touchées par ses répercussions appartiennent au cercle des pays en développement d’une manière qui aggrave leur fardeau économique face à ce danger mondial imminent. Faire face aux changements climatiques dépend de la mesure dans laquelle les pays honorent leurs engagements adoptés par les sessions des conférences des parties à la convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques, ainsi que l’élimination des causes, y compris l’exploitation démesurée des ressources naturelles et la course économique inégale, ainsi que d’assumer l’entière responsabilité des auteurs, par une rectification sérieuse de toutes les distorsions qui ont conduit à cette dangereuse situation environnementale.
Les parlements, en tant qu’organes participant aux conférences des partis, où les parlementaires ont exposé leurs approches et initiatives, et toutes les éventuelles solutions, se concrétisent dans les lois et législations qu’ils ratifient. Nos rôles sont importants et clairs. L’UPCI peut établir un cadre collectif pour canaliser ces efforts et prêcher pour ce qui est juste dans cette matière qui épuise nos Etats et nos peuples. Nous pouvons également échanger des expériences au sein des activités de l’UPCI et cristalliser des positions unifiées qui servent nos intérêts et réduisent les répercussions du changement climatique sur les économies de nos pays.
Enfin, permettez-moi de souhaiter la bienvenue aux membres de l’UPCI en Algérie à l’occasion de la convocation de la 17e Conférence de l’UPCI et des réunions connexes pendant la période du 26 au 30 janvier 2023. Nous sommes fiers d’accueillir ces importants travaux parlementaires.
Nous, en Algérie, sommes fiers de notre appartenance civilisationnelle au monde islamique, et nous sommes fiers de notre adhésion à notre religion islamique tolérante, non seulement dans l’Algérie indépendante, qui a tenu à codifier cette affiliation indéfectible dans toutes ses constitutions depuis la première constitution ratifiée par le peuple algérien le 08 septembre 1963, mais même bien avant cela. L’Algérie a combattu un colonialisme expert en l’écrasement des identités civilisées, l’exploitation des religions en vue de détourner la lumière qui guide les peuples vers leur liberté et leur dignité, et d’étouffer leur désir inné de liberté.
De ce fait, notre jihad a été couronné d’une victoire retentissante, avec laquelle la terre et la religion ont également été libérées. La révolution triomphante du 1er novembre 1954 a libéré les femmes et les hommes algériens et leur a permis de pratiquer librement leurs rituels religieux, après que le colonialisme français avait usurpé ce droit pendant plus d’un siècle. Comme vous le savez, l’idéologie coloniale destructrice est basée sur la transformation de l’extrémisme, du fanatisme et du terrorisme en entités religieuses, dans le but de combattre la modération dans la religion islamique.
C’est pourquoi, nous poursuivons aujourd’hui ce combat par notre soutien et notre fermeté à la modération religieuse, qui repose sur les valeurs de miséricorde, de coopération, de dignité et de liberté, de respect de l’Homme et du droit des peuples à l’autodétermination.