Le Parlement de Côte d'Ivoire accueille la 18ème Conférence de l'UPCI sur le thème : "Les efforts des Parlements membres de l'UPCI pour faire face aux conséquences du changement climatique". Comment envisagez-vous les moyens parlementaires efficaces pour affronter les effets du changement climatique ?
Vous savez aujourd’hui, le monde fait face aux conséquences du dérèglement climatique, dont les effets les plus néfastes se manifestent au niveau environnemental, particulièrement par de fortes pluies, l'élévation des températures, et les inondations, et au niveau social où on note l'insécurité alimentaire, les maladies, et les conflits fonciers découlant du déplacement des populations sinistrées.
Nous voyons nombre de nos Etats qui sont touchés par les conséquences de ce phénomène, ce qui, si besoin en était, nous démontre une fois de plus que l’urgence climatique est bien réelle. Et nous sommes tenus de continuer à agir dans le sens de l'atténuation, l’adaptation, la préparation aux crises et la réparation des conséquences de ces dérèglements.
Ces évènements déplorables sont la conséquence du changement climatique auquel la planète se trouve confrontée ces dernières décennies.
Je suis particulièrement en faveur d’une solidarité internationale en la matière. En effet, l’ampleur des dégâts subis par plusieurs Etats dans le monde nécessite une mise en commun des ressources financières et matérielles en vue d’apporter une assistance substantielle à ces Etats, victimes de catastrophes climatiques à grande échelle.
C’est pourquoi je salue la tenue de la COP28, du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, qui a été l’occasion de dresser le bilan des progrès réalisés dans le cadre de l’Accord de Paris et dresser un plan d’action défini par l’ensemble des parties prenantes afin de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre et de protéger les vies et les moyens de subsistance de nos populations, surtout pour les générations futures.
La cause palestinienne reste une question centrale pour la nation islamique et, comme vous le savez, elle connaît actuellement une situation critique. Quelles solutions proposez-vous pour résoudre ce problème de longue date ? En outre, qu'est-ce que l'UPCI pourrait faire de plus à cet égard ?
Avant tout propos, permettez-moi d’exprimer ma consternation face à ce qui se passe à Gaza et en Israël avec notamment la mort violente de dizaines de milliers de personnes et la destruction impressionnante des infrastructures.
Face à cette escalade de la violence, nous appelons à un cessez-le-feu immédiat ainsi que le respect du droit international humanitaire pour préserver encore des vies des civils.
Votre pays a accueilli la 49ème réunion du comité exécutif de l'UPCI qui, dans son communiqué final, a mis l'accent sur la nécessité de lutter contre le terrorisme. Selon vous, comment le terrorisme peut-il être éliminé en Afrique ?
Comme vous le savez, la recrudescence des attaques terroristes et l’évolution du radicalisme et du fanatisme religieux ces dernières années en Afrique, constituent de véritables obstacles à la mise en œuvre efficace de plans et de stratégies de développement inclusifs ; cela d’autant plus que la paupérisation grandissante de nos populations ainsi que les disparités régionales favorisent la récession et constituent le terreau favorable à l’exacerbation des actes et des actions qui alimentent le terrorisme.
Face à ce constat, la lutte contre le terrorisme doit s’appréhender comme un mouvement collectif qui transcende les pays, dans l’optique d’amoindrir la vulnérabilité des systèmes d’Etat à travers des actions qui aboutissent à des objectifs mesurables à moyen et long terme. Cette stratégie permettra d’éviter que le terrorisme ne porte gravement atteinte aux équilibres institutionnels, politiques, économiques et sociaux de nos États et de nos communautés, comme c’est malheureusement le cas dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, au Moyen-Orient et même dans le monde.
La question du terrorisme et de l’insécurité appelle par conséquent à une réflexion profonde et concertée, au regard des actes d’extrémisme violent observés dans nos Etats, avec pour corollaire des morts, la déshumanisation, la destruction de biens et le déplacement des populations.
Cette année, la Côte d'Ivoire a enregistré une forte croissance économique parmi les pays africains. Quelle en est la raison ? Quelle est la stratégie recommandée par la Côte d'Ivoire pour la prospérité des pays africains ?
Premier producteur mondial de cacao et de noix de cajou, la Côte d’Ivoire enregistre l’un des taux de croissance économique les plus rapides et soutenus en Afrique subsaharienne depuis plus de dix ans sous le leadership de Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République.
Avec une croissance du PIB réel de 8,2 % en moyenne sur la période 2012-2019, la Côte d’Ivoire a réussi à contenir la pandémie de COVID-19 pour garder le rythme de croissance positive en 2020 à 2%. En 2021, le pays a renoué avec sa trajectoire de forte croissance et continue de jouer un rôle central en tant que hub économique régional.
En 2022, l'activité économique ivoirienne est restée robuste, bien qu'elle ait été confrontée à des défis découlant de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, du resserrement monétaire mondial, et de l'instabilité politique croissante dans l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
La croissance a été largement tirée par des investissements publics soutenus et une forte consommation intérieure. Les secteurs industriels et les services ainsi que les mesures fiscales du gouvernement visant à maîtriser la hausse des prix ont également contribué à cette performance économique.
Les perspectives économiques à court et moyen termes restent positives, bien que légèrement en deçà des niveaux d'avant la pandémie de la COVID-19. Cet optimisme repose sur un engagement fort en faveur de la stabilité macroéconomique et de réformes structurelles en cours conformément au Plan National de Développement (PND 2021-2025).
Pour les années à venir, la croissance réelle du PIB devrait s'établir en moyenne à 6,5 % en 2024-25. La poursuite des investissements dans l'infrastructure réseau, notamment dans les secteurs du numérique et des transports, ainsi que l'exploitation des découvertes récentes de pétrole, associée à des politiques macroéconomiques prudentes, devraient renforcer la confiance des entreprises et accroître la productivité. Les projets visant à développer les chaînes de valeur ont le potentiel d'améliorer la productivité agricole et de stimuler la fabrication, ce qui soutiendra les perspectives de croissance à long terme.
La Côte d’Ivoire tire ce progrès du fait de la stabilité politique remarquée ces dix dernières années sous le leadership du Président de la République. S’il y’a donc une stratégie que je pourrais conseiller relative au développement en Afrique, c’est de travailler à la stabilité des pays, à créer plus d’emplois pour nos jeunes et femmes et surtout à mutualiser nos efforts contre le terrorisme.
Comment évaluez-vous le succès, ou le non succès, des organisations régionales africaines dans le règlement des différends et des problèmes africains ?
L'évaluation du succès ou du non-succès des organisations régionales africaines dans le règlement des différends et des problèmes sur le continent peut être complexe et dépend de plusieurs facteurs notamment:
La Résolution des Conflits: L'efficacité d'une organisation régionale peut être mesurée par sa capacité à prévenir, atténuer ou résoudre les conflits entre les États membres. Si elle parvient à résoudre pacifiquement les tensions et les différends, elle est généralement considérée comme plus réussie.
L’Application des Décisions: Une organisation régionale réussie devrait être en mesure de mettre en œuvre efficacement ses décisions et ses résolutions. Si les États membres suivent les recommandations et les accords conclus au sein de l'organisation, cela peut être considéré comme un signe de réussite.
La Stabilité Régionale: La stabilité globale dans une région est un indicateur important. Si une organisation régionale parvient à créer un environnement stable et pacifique, elle est susceptible d'être considérée comme un acteur efficace dans le règlement des problèmes régionaux.
La Coopération Économique et Politique: Le degré de coopération économique et politique entre les États membres peut être un indicateur de succès. Les organisations régionales qui favorisent la coopération sur le plan économique et politique sont souvent considérées comme contribuant positivement au développement régional.
Le Respect des Droits de l'Homme et de la Démocratie: La promotion et le respect des droits de l'homme, ainsi que la promotion de la démocratie, sont des critères importants. Une organisation qui travaille activement à renforcer la démocratie et à protéger les droits de l'homme est souvent considérée comme accomplissant un travail important.
Au regard de cette diversité d’éléments d’appréciation, il est essentiel de reconnaître que l'évaluation du succès peut varier en fonction des perspectives et des objectifs spécifiques de chaque organisation. De plus, les défis complexes auxquels l'Afrique est confrontée exigent souvent une approche à long terme, et les résultats peuvent prendre du temps avant de devenir évidents.