KHARTOUM, SOUDAN
21 ET 22 JANVIER 2013
CONF/8-2013/KDEC.1FINAL
Nous, Chefs et membres des délégations des Parlements des Etats membres de l’Organisation de Coopération islamique participant aux travaux de la 8ème Session de la Conférence de l’UPCI, qui se sont déroulés à Khartoum, en République du Soudan, les 9 et 10 Rabie Alawal 1434H (21 et 22 janvier 2013), à la convocation généreuse de la Législature nationale, avons passé en revue et discuté des développements et des défis et enjeux pour le monde musulman tels que figurant à l’ordre du jour de la session, et avons décidé ce qui suit :
PREMIEREMENT : PROMOTION DE L’ACTION CONJOINTE ENTRE LES ETATS MEMBRES :
1. Nous soulignons la nécessité de la coordination efficace dans tous les forums nationaux et internationaux en vue de protéger et de promouvoir les intérêts communs de l’Oummah musulmane, y compris le processus de la réforme des Nations Unies et l’élargissement du Conseil de la sécurité.
2. Nous exprimons notre préoccupation des actes hostiles à l’Islam qui vont à l’encontre du principe de la liberté de religions, et nous demandons aux Etats membres à prendre toutes les mesures nécessaires, y compris l’action dans le cadre des Nations Unies afin de promulguer les législations internationales nécessaires à prohiber tout agissement pouvant susciter la discrimination et la violence à l’égard des personnes en raison de leurs convictions religieuses.
3. Nous condamnons fermement les actes ignobles consistant à présenter le film diffamatoire pour l’Islam de même que la publication de caricatures offensantes du Prophète Mohammed que la paix soit sur Lui. Nous condamnons également ces actes qui sont encouragés sous prétexte de la liberté d’expression. Nous considérons qu’inciter et encourager la haine religieuse crée les conditions propices à la discrimination et à la haine.
DEUXIEMEMENT : LA CAUSE PALESTINIENNE ET LES TERRITOIRES ARABES OCCUPES
1. Nous réaffirmons que la cause de la Palestine doit être la cause essentielle dans les fora internationaux jusqu’au recouvrement des droits légitimes du peuple palestinien représentés par l’établissement de l’Etat Palestinien indépendant sur le territoire de la Palestine et avec la ville d’Al Qods en tant que capitale.
2. Nous rejetons fermement la politique de colonisation d'Israël et nous revendiquons l’arrêt de tous les travaux de colonisation, les mesures et les procédures législatives et administratives qui visent à changer le statut juridique de la ville d’Al Qods. Nous appelons le Conseil de sécurité à intervenir d’urgence pour démanteler les colonies israéliennes.
3. Nous nous félicitons de la reconnaissance de l’Etat de la Palestine en tant qu’Etat observateur, par l’Assemblé générale des Nations Unies en novembre 2012. Nous réaffirmons notre reconnaissance de l’Etat indépendant de la Palestine, et demandons l’application immédiate de cette reconnaissance, et nos appelons tous les Etats membres à promouvoir leurs relations avec elle au niveau des relations étatiques.
4. Nous réclamons la libération des députés parlementaires membres du Conseil législatif palestinien, ainsi que tous les autres prisonniers détenus dans les prisons de l’ennemi sioniste.
5. Nous condamnons énergiquement les décisions d’Israël en vue d’imposer ses lois sur le Golan syrien occupé, et affirmons que toutes les décisions d’Israël sont nulles et non avenues. Nous condamnons les menaces israéliennes contre le Liban et nous demandons de mettre fin à l'occupation israélienne des territoires libanais.
TROISIEMEMENT : LE SOUDAN
1. Nous apprécions hautement les efforts déployés par le Soudan au niveau national et international en vue d’instaurer la paix à Darfour. Nous nous félicitons de l’Accord de Doha. Nous invitons les mouvements qui n'ont pas adhéré à l'accord de Doha à s'y joindre immédiatement, et nous invitons également la communauté internationale et les donateurs à s’acquitter des obligations déclarées pour le développement afin d’assister à l’instauration de la paix globale.
2. Nous réitérons notre soutien au Soudan face à toutes les menaces extérieures. Nous exprimons à nouveau notre rejet de la décision de la Cour Pénale Internationale contre Son Excellence le Président de la République du Soudan Omar Hasan Al Bachir, et appelons à l'abrogation définitive et non conditionnelle de la décision précitée en tant que violation flagrante du droit international et en tant qu’atteinte non moins flagrante à la souveraineté nationale de la République du Soudan.
3. Nous nous félicitons de l'Accord de coopération entre la République du Soudan et la République du Sud-Soudan signé à Addis-Abeba en décembre et nous demandons à la communauté internationale à jouer un rôle positif en incitant les deux Parties à s'y conformer strictement.
4. Nous condamnons fermement les agressions israéliennes contre le Soudan à l’état de la Mer Rouge de même que le raid aérien qui a visé l'usine de Yarmouk à Khartoum.
5. Nous exprimons notre profonde estime pour la mutation que le Soudan a réalisée dans le domaine du développement économique et affirmons que le Soudan possède des moyens naturels abondants et des ressources économiques gigantesques qui lui font le lieu d’investissement dans les domaines vitaux et dans les domaines de la production agroalimentaire, ce qui assure la sécurité alimentaire pour l’Oummah islamique.
QUATRIEMEMENT : L’EMPLOI PACIFIQUE DE LA TECHNOLOGIE NUCLEAIRE ET RENDRE LA REGION DU MOYEN ORIENT EXEMPTE DE TOUTES LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE, EN PARTICULIER LES ARMES NUCLEAIRES.
1. Nous affirmons les droits inaliénables, égaux et équilibrés de tous les peuples de la liberté de l’obtention des techniques et des utilisations nucléaires modernes, ainsi que le droit de l’utilisation de ces techniques pour les objectifs pacifiques. Nous appelons à rendre l’ensemble de la région du Moyen Orient exempte de toutes les armes de la destruction massive, en particulier des armes nucléaires sans exception.
2. Nous appelons la communauté internationale à la nécessité d’arrêter toutes les expérimentations visant à produire et à développer les armes de destruction massive, et nous réclamons l’affectation des fonds dépensés à la production de ces armes pour l’élargissement pacifique et utile des résultats de la recherche scientifique afin de promouvoir les capacités de l’humanité en matière de lutte contre la pauvreté, la faim et la maladie.
CINQUIEMEMENT : LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME
1. Nous rejetons le terrorisme sous toutes ses formes. Nous rejetons également toute justification ou motif de justification de terrorisme en le considérant comme phénomène international qui n’est lié à aucune religion, sexe, couleur ou pays.
2. Nous soulignons l’importance de distinguer entre le terrorisme et la légitimité de la résistance contre l’occupation étrangère, et nous lançons un appel pour la tenue d’une conférence internationale sous l’égide des Nations Unies pour définir le terrorisme et les pratiques terroristes.
3. Nous affirmons notre engagement à l’égard de la Convention de l’Organisation de la Conférence Islamique ‘l’OCI’ sur la lutte contre le terrorisme. De plus, nous encourageons les Etats membres à procéder à effectuer des changements catégoriques exhaustifs dans les lois et les régimes nationaux pour considérer comme criminelles toutes les pratiques terroristes et toutes les formes de leurs soutiens, de leur financement et de leur encouragement.
SIXIEMEMENT : LA POLITISATION DE LA JUSTICE INTERNATIONALE ET L’APPLICATION DE LA POLITIQUE DE DEUX POIDS, DEUX MESURES
1. Nous appelons au respect total de la souveraineté de la loi et des conventions sur lesquelles on s’est mis d’accord au sein des organisations internationales, et en particulier aux Nations Unies. Nous soulignons également que l’application injuste de leurs textes juridiques a provoqué la politique de deux poids, deux mesures, ce qui a fait perdre la confiance dans l’efficacité et la justice de ces institutions.
2. Nous considérons que la Cour Pénale Internationale est un outil politique dont les pratiques n’ont aucun rapport avec la justice. Nous appelons donc les Etats membres qui ont signé et ratifié le Pacte de Rome d’après lequel la CPI a été fondée à se retirer de ce Pacte.
3. Souligner l’importance d’activer la proposition relative à la mise en place d’une cour islamique de justice et l’appel à émettre une résolution pratique à cet égard afin qu’elle puisse contribuer à mettre fin aux conflits entre les Etats musulmans sans porter atteinte à la souveraineté des Etats membres à l’OCI ou au respect de la magistrature nationale indépendante.
SEPTIEMEMENT : LES SITUATIONS ACTUELLES DANS LES ETATS MUSULMANS
1. Nous mettons l’accent sur notre position d’appui visant la protection de la souveraineté de la République du Mali, son unité, son indépendance et son intégrité territoriale. Nous appelons à l’aider pour faire face à la crise humanitaire.
2. Nous saluons les efforts déployés pour mettre fin à la période transitoire à l’Etat de Somalie et soutenir ce qui a découlé de la réussite de processus de politique dans le cadre de l’unité de la Somalie. Nous rejetons toute ingérence étrangère en Somalie en dehors du cadre légitime.
3. Nous demandons le retrait complet et immédiat sans conditions des forces arméniennes de tous les territoires azerbaïdjanais. Nous appelons l’Arménie à respecter la souveraineté de la République d'Azerbaïdjan et son intégrité territoriale.
4. Nous déclarons notre solidarité avec l’Etat chypriote turc pour sortir de l’isolement imposé sur lui. Nous appelons la Grèce à respecter les droits de la minorité turque à Thrace occidentale et à Dodécanèse.
5. Nous appelons à un règlement pacifique de la cause de Jammu et Cachemire qui va de pair avec les résolutions des NU à cet égard.
HUITIEMEMENT : LA PROTECTION DES MINORITES ET DES GROUPES MUSULMANS :
1. Nous mettons l’accent sur les droits des minorités musulmanes qui consiste à sauvegarder leur dignité, assurer leur sécurité, protéger leur honneur, leur droit de culte et de pratique religieuse, leur droit de travail, protéger leurs biens, assurer leur droit de jouir de tous les avantages que les citoyens de l’état et protéger leur identité culturelle.
2. Nous exprimons notre solidarité avec toutes les minorités musulmanes dans le monde, en particulier la minorité musulmane Rohingyas à Myanmar.
3. Nous appelons à l’organisation d’un symposium sur la situation des minorités musulmanes dans les Etats non-musulmans, avec la participation de l’ensemble des Etats membres, des chercheurs et des personnalités académiques dans l’objectif d’examiner les situations de ces minorités et de sortir avec une vision pour les soutenir et les aider conformément aux principes de l’Islam.
NEUVIEMEMENT : LES AFFAIRES ECONOMIQUES
1. Nous mettons l’accent sur la nécessité de promouvoir les institutions de l’OCI et de relancer leurs activités par la création des institutions financières, économiques et commerciales capables d’aider les Etats musulmans par l’appui de leurs plans et programmes visant le développement globale et la réforme économique.
2. Nous appelons à la mise en place des institutions pour soutenir la structure de l’OCI en vue de consolider ses institutions existantes et relancer ses activités dans le domaine de la coopération économique, via le soutien de la Banque Islamique du Développement et la création d’un fonds monétaire islamique pour aider les Etats musulmans.
3. Nous insistons sur la promotion et la vulgarisation de la pensée économique islamique pour faire face aux conséquences négatives de la crise financière mondiale, causée par l’usure et le monopolisme suite à l’échec du modèle capitaliste.
DIXIEMEMENT : LES DROITS DE L’HOMME
1. Nous insistons que les principes et fondements islamiques sont les piliers de la bonne gouvernance et des droits de l’homme, et appelons à élargir le cercle de participation politique basé sur la Choura, à garantir l’égalité, les libertés civiles, la justice sociale et à renforcer la transparence, la remise en question, et à éliminer la corruption dans les Etats membres de l’organisation.
2. Nous exhortons les Etats membres à renforcer les valeurs universels de démocratie, de la Choura, des droits de l’homme, du droit international humanitaire en conformité avec les hautes valeurs islamiques.
3. Nous appelons à la mise en place des organes indépendants et permanents pour veiller à la protection et à la promotion des droits de l’homme dans les Etats membres. Nous appelons également à l’élaboration d’une charte islamique des droits de l’homme.
ONZIEMEMENT : DIALOGUE DES CIVILISATIONS ET DES RELIGIONS
1. Nous insistons sur le fait que le dialogue des civilisations, ainsi que la mise en évidence de leurs valeurs communes, le dialogue interreligieux basé sur le respect, l’entente mutuelle et l’égalité entre les peuples constituent des éléments essentiels au rétablissement de la paix mondiale, de la sécurité, de la tolérance et de la cohabitation pacifique.
2. Nous appelons à approfondir le dialogue entre les différentes écoles islamiques, à combattre le fanatisme et l’extrémisme, à une appréhension appropriée de la religion et ses dispositions, à rejeter tout jugement hâtif de mécréance ainsi que toute tendance à la violence et à la nocivité.
3. Nous confirmons la nécessite de coordination entre les initiateurs de fatwa dans le monde musulman pour consolider les fondements et principes de base convenus.
DOUZIEMEMENT : LA FEMME MUSULMANE
1. Nous appelons l’UPCI à lancer une initiative visant la promotion de la femme musulmane, le maintien et la garantie de ses droits dans les législations nationales, le renforcement de son rôle dans le cadre des activités de l’UPCI. Nous invitons tous les Etats membres à incorporer les femmes parlementaires dans la composition des délégations conférencières de l’UPCI et ses comités permanents.
2. Nous appelons à accentuer les efforts pour créer les conditions spirituelles, morales, culturelles et sociales appropriées au renforcement des capacités de la femme musulmane, au développement de sa personnalité, à la consolidation de sa contribution à la construction de la famille et à la socialisation des enfants. Nous devons œuvrer à rejeter toute sorte d’invasion culturelle susceptible de porter atteinte aux orientations et à la personnalité des sociétés musulmanes, notamment la jeunesse et les femmes musulmanes.
3. Nous soulignons la nécessité de prendre toutes les mesures législatives et politiques nécessaires, d’adopter les plans et programmes qui renforcent le rôle important assuré par la femme dans la société, de soutenir en particulier les efforts de la femme parlementaire au niveau national ou au niveau de sa contribution aux organisations régionales et internationales.
Khartoum, le 22 janvier 2013