Introduction
Dans l’interview menée par le trimestriel « UPCI » avec S.E le Président du Conseil des Représentants de la République d’Irak, Dr. Salim Abdullah Ahmed Al-Jabouri. Il a abordé un certain nombre de questions d’intérêt particulier pour les Parlements, les gouvernements et les peuples du Monde musulman. Cela comporte les défis les plus importants auxquels font face les musulmans dans différents domaines à savoir: la solidarité islamique; les obstacles et les moyens de les surmonter; le terrorisme et l’extrémisme et, le rôle des Parlements pour extirper leurs racines; le dialogue fructueux des cultures et des religions; le rôle de la diplomatie parlementaire; et l’avenir du processus démocratique dans les pays en développement. Voici le texte de l’interview:
Défis les plus graves
« UPCI »: le monde musulman est confronté à plusieurs défis dans différents domaines, selon vous, quels sont les défis les plus imminents et plus poignants ? De quelle manière les musulmans peuvent-ils confronter de tels défis ?
Dr. Al-Jabouri: le défis le plus sérieux auquel le monde islamique fait face, c’est le terrorisme, en particulier l’allégation selon laquelle ce phénomène serait né de l’environnement mondial islamique et de lier injustement les crimes terroristes à l’Islam innocent. C’est le défi le plus grave dans son genre pour ces pays et ce, depuis des siècles. Notre Oummah n’avait jamais éprouvé une telle sorte d’épreuve critique. Le fait douloureux est que cette Oummah même est la première victime de ce phénomène. En tant que pays musulmans, il nous incombe de déployer des efforts considérables pour renforcer la sensibilisation en faisant connaitre l’Islam et échouer les accusations portées contre l’Islam par les contacts internationaux et le maintien des relations avec le monde.
Solidarité Islamique
« UPCI »: la question de la solidarité islamique confronte toujours certains obstacles. Quels sont les plus importants de ces obstacles et comment peut-on les surmonter ? Quelles sont les étapes nécessaires pour créer une solidarité islamique efficace sur des bases fortes et appropriées ?
Dr. Al-Jabouri: certes, il existe des obstacles sur le chemin de la solidarité islamique, ainsi que des défis concernant les relations internationales qui relèvent des blocs historiques. Peut-être, la pénurie de contacts et la préoccupation concernant les problèmes domestiques peuvent être envisagées parmi des plus importants obstacles qui entravent la réalisation totale de la solidarité escomptée. Nous croyons que le renforcement du rôle des organisations islamiques, comme l’UPCI et d’autres Institutions islamiques, fournira une opportunité à la promotion de la solidarité et de la coopération tant désirées.
De notre côté, nous essayons d’activer et de soutenir le rôle de l’OCI, de l’UPCI et d’autres Organisations islamiques qui feront avancer la solidarité et la coopération islamiques. L’Irak réalise ce rôle par la tenue de la Conférence de l’UPCI à Bagdad, début 2016.
Eradication du Terrorisme
« UPCI »: le Terrorisme et l’Extrémisme menacent la stabilité dans la plupart des régions du monde, en particulier dans le Moyen-Orient. Comment déterminez-vous les causes profondes de ces deux phénomènes ? Comment l’action parlementaire islamique commune peut-elle contribuer à les éradiquer et déraciner ?
Dr. Al-Jabouri: Les problèmatiques du terrorisme et de l’extrémisme ne sont pas récemment nés et ne sont pas non plus le résultat d’une phase particulière. C’est plutôt un phénomène en constante évolution dans la vie de l’humanité. Pendant différentes périodes, le monde a été témoins des manifestations de la terreur. Plusieurs incidents ont eu lieu dans l’histoire en raison des caprices des extrémistes , prenant la vie à des millions d’innocents de la manière la plus horrible faisant ainsi honte à l’humanité. Par conséquent, il n’est pas juste de lier en aucune façon, le terrorisme à l’Islam. Il est également injuste de relier les terroristes à une région, à une ethnie ou à un groupe spécifiques qui pourraient être les plus affectés par leurs actions et activités sanglantes.
Dialogue des Religions et des Cultures
« UPCI »: Il existe un appel urgent pour l’établissement du dialogue expressif des cultures et des religions dans l’intérêt de l’humanité tout entier. Comment envisagez-vous les bases et les conditions sur lesquelles ce dialogue peut être créé en vue de réaliser ses objectifs ?
Dr. Al-Jabouri: Dans le passé, le dialogue entre les religions s’est limité à la recherche spécialisée confinée dans les salles de discussion closes, des réunions de personnes concernées, et des conférences dans une atmosphère protocolaire. Cela ne s’avère pas adéquate pour la réalisation de ce plan que nous considérons comme plus grand et plus vaste que la pratique en vigueur. Nous aimerions que le dialogue entre les religions se transforme en une communication sociale dans tous ses niveaux. Cela devra être la préoccupation des universités, aussi bien que les cafés et les sites web et le mass média. Tous les peuples devraient y être impliqués, et ne pas les confiner derrières les murs des mosquées, des églises ou des fora politiques. Tout en demandant l’adoption de telles orientations, nous soulignons également l’importance de la création d’un équilibre soigneux entre la liberté absolue et la liberté responsable. Le dialogue sur les questions religieuses, s’il n’est pas contrôlé dans son tempo, peut se transformer en querelles sociales qui mènent au schisme et à la dissociation. Les manifestations du dialogue religieux ne doivent pas être uniquement perçues en réunions et discussions, mais elles doivent atteindre les pratiques créatives comme par exemple activer le tourisme et les échanges technique, culturel et commercial.
Je crois que la base fondamentale pour le dialogue entre les religions résident dans l’idée de promouvoir la tolérance, d’éviter l’extrémisme et le Takfeer des autres. Il est à noter que toutes les religions souffrent des notions d’extrémisme et de Takfeer; elles constituent notre préoccupation commune, ce qui doit rassembler et unir le peuple dans sa lutte contre le fanatisme.
Diplomatie parlementaire
« UPCI »: comment vous percevez le rôle que la diplomatie parlementaire pourra-t-elle jouer dans la formation d’un ordre mondial nouveau plus équitable et bénéfique à tous les peuples du monde ?
Dr. Al-Jaboudi: l’action diplomatique menée par les gouvernements, dans le monde d’aujourd’hui, a grandement besoin d’affluents pour soutenir et assister le développement de ses capacités pour le renforcement des relations bilatérales et multilatérales entre les Etats. Ces affluents se traduisent par différents formes et genres dans le contexte de diplomaties parallèles. (Diplomatie de la société civile, des parties politiques, unions des commerces, organisations professionnelles etc.). Cependant, la diplomatie parlementaire se positionne en première place de ces genres, non seulement de par sa pratique par les Parlements qui exprime la volonté populaire, et par conséquent, traduise les pratiques démocratiques sur lesquelles les relations internationales contemporaines sont fondées, mais également en raison de l’importance de ses interventions dans les milieux internationaux globalisés à tous les niveaux. Pour cette raison, je le crois indispensable pour dynamiser la diplomatie parlementaire en vue d’épauler la diplomatie officielle. C’est pourquoi le Conseil des Représentants irakien est actif et communique avec les Parlements des autres Etats dans le but de soutenir et approfondir le contact diplomatique parlementaire. Le Comité des Relations Extérieures du Conseil des Représentants d’Irak déploie des efforts considérables à l’aide de plusieurs groupes d’amitié parlementaires avec plusieurs Etats du monde ce qui a un impact positif sur la création d’un rôle clé entre la diplomatie parlementaire et gouvernementale. Les deux travaillent pour renforcer nos relations avec la société internationale et les peuples du monde.
L’Avenir de la Démocratie
« UPCI »: quel est l’avenir du processus démocratique dans les pays en développement ? Quels sont les vrais défis à cet égard ? Comment les fondements de la démocratie dans ces pays pourront-être consolidés ?
Dr. Al-Jabouri: La régression progressive des intérêts des Etats Unis en ce qui concerne son implication au Moyen-Orient, et des turbulences à grandes échelles dans certains Etats aboutissent certainement aux changements critiques qui pourraient nuire à l’avenir de la démocratie dans la région et pourraient avoir des conséquences prolongées, ainsi que la possibilité de l’émergence de concurrents régionaux qui tentent d’être les seuls dirigeants dans la région, ce qui augmente à son tour, les chances de l’infraction continue de l’ordre régional par des super pouvoirs. Cela intensifie la probabilité de l’émergence de réels dangers et davantage de foyers de tension dont les caractéristiques et les conséquences seront difficiles à prévoir. Cela est dû à la nature mixte et complexe de la région. Les développements régionaux et internationaux accélérés prouvent la nécessité pour les Etats de la région de maintenir une analyse objective, une politique ouverte, et de prêcher pour le dialogue entre toutes les parties des puissances en conflits dans notre région. Il est clair et évident que les principes du dialogue entre les Etats de la région acquièrent son utilité historique en raison de l’échec de tous les autres moyens pour résoudre les conflits existants par le biais de la force armée, de l’option des armes et de l’élimination de l’autre.
Opter pour le dialogue, la patience, l’interaction positive, l’instauration de la confiance; accepter l’autrui comme productif et non pas comme pure consommateur, va aboutir finalement à la paix, à la sécurité, à la prospérité et à l’unité.
Faisons donc des efforts, chacun dans sa position, pour faire du dialogue un outil pour l’instauration de la confiance, de la diplomatie productive et de la coopération régionale; un référentiel idéal pour endiguer et résoudre tous les conflits et sauver ainsi les populations des régions de tous les effets néfastes.
Cela permet de mieux comprendre le besoin urgent des dispositions efficaces en vue d’assurer la sécurité régionale, et le renforcement du pouvoir d’équilibre et de stabilité ainsi que la prévalence de sécurité équilibrée pour tous les Etas de la région.
Il est évident que le rétablissement de la sécurité régionale et la résolution des différences communales, doctrinales et ethniques sont des conditions nécessaires à cet égard, ce qui nécessite la mise en place de la coopération au niveau de la sécurité et de la coordination entre tous les Etats de la région pour faire face à ces défis qui ne ménagent aucun Etat ni régime.