Téhéran – République Islamique d’Iran
26 Rabiul-Thani 1439 H
13 janvier 2018
La 8ème session du Comité permanent de la Palestine, issu de la Conférence de l’UPCI, s’est réunie, dans le cadre des travaux de la 13ème session de la Conférence de l'Union des Parlements des Etats membres de l'OCI, à Téhéran, République Islamique d'Iran, le 26 Rabiul Thani 1439H (13 janvier 2018).
La réunion a été présidée par S.E. le député Alaeddine Bouroujodri, président du comité de la sécurité et de la politique étrangère au Parlement iranien.
Ont assisté à la réunion les représentants des Parlements de l’Algérie, du Burkina Faso, du Cameroun, du Tchad, de l’Indonésie, de l’Iran, de l’Irak, de la Jordanie, du Maroc, de la Palestine, du Sénégal, du Soudan et de la Turquie.
Ont également participé les représentants des Parlements du Niger et de la Syrie.
Se sont absentés parmi les membres du comité les représentants des Parlements de Bahreïn, de l’Arabie Saoudite et de la Guinée.
Le Président de la réunion a souhaité la bienvenue à l’assemblée et a abordé dans son allocution la décision du Président américain sur Al Qods qui constitue une violation des lois internationales, soulignant que cette décision a unifié les positions des membres de l’Oummah islamique qui ont rejeté cette attitude intempestive. En parlant d’une seule voix l’Oummah a eu un impact positif sur l’ensemble de la communauté internationale ainsi qu’en ont témoigné les débats au sein du Conseil de Sécurité dont l’immense majorité des membres se sont opposés à la décision américaine.
S.E. a poursuivi en déclarant qu’en dépit des complots américains et sionistes au Moyen-Orient, et en particulier en Syrie et en Irak, qui visent à détourner les musulmans de la cause palestinienne, la résistance des pays de la région, soutenus par les forces populaires en Syrie et en Irak, ont mis en échec toutes ces manœuvres, ainsi que l’a montré la fin de la guerre des 33 jours au Liban. La cause de la Palestine, a-t-il déclaré, est restée la grande priorité pour l’ensemble du monde islamique.
M. Bouroujodri a mis l’accent sur l’importance du rôle des Parlements quant à l’unification des positions des Etats Islamiques et la réduction des conflits les opposant.
S.E. le Pr. Mahmud Erol Kiliç, Secrétaire général de l’UPCI, s’est ensuite adressé à la réunion, soulignant les importants développements que la scène palestinienne a connus au cours de l’année écoulée, et notamment la décision américaine inique portant reconnaissance de la ville d’Al Qods capitale de la puissance occupante, Israël, le transfert de l’ambassade américaine vers cette ville, et le projet israélien injuste proposé à la discussion pour le mois de mars 2018 et visant à interdire l’appel à la prière dans les mosquées d’Al Qods et des territoires palestiniens de l’intérieur (ceux d’avant 1948). Il a ajouté que la réalisation de la réconciliation inter-palestinienne représente le roc solide sur lequel se briseront les tentatives et les plans sionistes contraires à la justice.
S.E. M. Radhwane Al Akhras, membre du Parlement palestinien et vice-président du Comité permanent de Palestine, a, de son côté, passé en revue la situation actuelle en Palestine, soulignant la profonde douleur qu’il ressent lorsqu’il parle de la Palestine et d’Al Qods, parce que l’ennemi sioniste a pris, depuis un siècle, une décision dirigée contre « nous tous », Palestiniens et musulmans, puis il a entrepris depuis plus de 50 ans d’occuper la Palestine, avalant les territoires, l’un après l’autre, et finissant par occuper plus de 70% de la Cisjordanie, si bien qu’il n’est resté de la terre de Palestine que 2% de ce qui figurait dans le tracé défini par l’accord Sykes-Picot.
S.E. a ajouté que l’entité sioniste a décidé de créer un million d’unités d’habitation en Cisjordanie. Or si l’on calcule que chacune de ces unités va abriter une famille de cinq personnes, les cinq millions de sionistes qui seront alors présents sur ce territoire vont inéluctablement rendre impossible la simple présence d’un seul Palestinien en terre de Palestine.
M. Al Akhras a salué l’attitude des peuples de l’Oummah islamique, pointant la timidité de la position officielle. « Combien d’Etats islamiques, s’est-il demandé, ont rompu leurs relations avec Washington ou même avec Israël ? Combien d’Etats ont cessé tout achat d’armements américains après la déclaration de Trump ? Pire, combien d’Etats ont, en revanche, conclu avec Israël des contrats d’achats d’armements ? »
Les représentants des Parlements membres du Comité permanent de Palestine ont ensuite pris la parole, dans l’ordre suivant : Iran, Soudan, Irak, Jordanie, Maroc, Algérie, Indonésie, Tchad, Turquie, Syrie. Tous ont réaffirmé avec force l’importance de la cause palestinienne, et la nécessité qu’aucune manœuvre, aucun complot, aucune crise suscitée artificiellement dans la région ne devrait détourner l’attention de cette cause. Ils ont appelé les musulmans à mettre de côté leurs divergences et à concentrer l’essentiel de leurs efforts sur la cause de la Palestine et d’Al Qods, tout en soutenant la résistance du peuple palestinien face à l’ennemi sioniste.
Les intervenants ont condamné la décision du Président américain au sujet d’Al Qods. De même ont-ils salué l’attitude des peuples musulmans qui se sont dressés contre cette décision, appelant à accorder un plus grand soutien à la lutte du peuple palestinien.
Après avoir entendu les allocutions ainsi que les différentes interventions, la réunion a adopté la Déclaration suivante :
La 8ème session du Comité permanent de la Palestine, réunie dans le cadre de la 13ème session de l'UPCI, à Téhéran, République Islamique d'Iran, les 28 et 29 Rabi ul Thani 1439H (16-17 janvier 2018);
Se référant aux principes et aux objectifs de la Charte de l'Organisation de la coopération islamique et du statut de l'UPCI;
Se référant également aux résolutions issues des conférences successives de l'Union et de l'ensemble des autres instances islamiques concernant la cause de la Palestine et plus particulièrement la ville d'Al Qods Al Sharif;
Rappelant la résolution de l'Assemblée générale des NU condamnant la décision du chef de l'administration américaine au sujet de la ville d'Al Qods en tant que décision illégale et constituant une violation du droit international;
Rappelant les termes de la déclaration émise par la session extraordinaire de la Troïka présidentielle tenue à Téhéran le 18 décembre 2017 dans le but de faire le point des répercussions de la décision du chef de l'administration américaine au sujet de la ville d'Al Qods;
Prenant note de la déclaration issue de la session extraordinaire du Comité permanent de la Palestine, elle aussi consacrée à la décision du chef de l’administration américaine, qui s’est également tenue à Téhéran le 18 décembre 2017, en parallèle avec la session extraordinaire de la troïka présidentielle;
Saluant la tenue du Sommet islamique extraordinaire d'Istanbul le 13 décembre 2017 à l'invitation de la République de Turquie, et accueillant favorablement le communiqué final qui en est issu;
Exprimant son soutien au rôle assumé par le Royaume hachémite de Jordanie en tant que protecteur des Lieux Saints d'Al Qods Al Sharif, et à la prise de position ferme et constante de l'administration jordanienne des awqaf (biens de mainmorte) sur la préservation de la sacralité du Haram Al Sharif et de son statut historique en tant que lieu de culte;
Appréciant le rôle joué par le Maroc par le truchement du Comité d'Al Qods et de l'Agence Bayt Mel Al Qods Al Sharif, dans le soutien et le maintien sur les lieux des Maqdasis (citoyens d’Al-Qods) malgré toutes les tentatives de judaïsation de la Ville Sainte;
Déclare:
1. Réaffirmer la centralité de la cause palestinienne aux yeux de l’Oummah islamique, avec Al-Qods comme capitale de la Palestine ; rappelle les engagements pris par les musulmans partout dans le monde quant à la centralité, à la défense et au soutien à cette cause jusqu’au recouvrement des droits inaliénables du peuple palestinien quant à la libération de la Palestine de l’occupation, au retour des réfugiés dans leurs foyers, et l’établissement d’un Etat palestinien indépendant en terre de Palestine, avec Al-Qods pour capitale.
2. Réaffirmer que la ville d’Al-Qods fait partie intégrante des territoires palestiniens ; condamne fermement les autorités de l’occupation qui ne cessent de profaner les lieux saints à Al-Qods et œuvrent à la judaïsation de cette ville et à l’oblitération des monuments islamiques et chrétiens, ce qui représente une grave atteinte à la conscience de tous les hommes libres dans le monde entier.
3. Rejeter catégoriquement et sans discussion la décision prise le 6 décembre 2017 par le chef de l’administration américaine relativement au statut de Jérusalem, en tant que violation flagrante des droits du Peuple palestinien, et mesure nulle et non avenue qui risque d'entrainer la région dans la violence et le désordre, et nécessite que le Conseil de sécurité adopte une résolution rejetant ladite décision, afin de prévenir les répercussions néfastes qu’elle pourrait avoir sur la paix et la sécurité internationales.
4. Réaffirmer le droit à la résistance sous toutes ses formes en tant que droit légitime jusqu’au recouvrement des droits nationaux du Peuple palestinien, et notamment son droit à un Etat palestinien indépendant.
5. Exprimer son soutien à la troisième Intifada du Peuple palestinien par tous les moyens et son appui à ce mouvement à travers le monde islamique, afin que ce Peuple soit assuré de la solidarité de l’Oummah islamique et de son soutien à sa lutte pour l’indépendance et l’élimination de toutes les formes d’injustice et d’agression sionistes contre la Palestine jusqu’à ce que Musulmans et Arabes donnent sa pleine signification à leur devoir de défendre la Palestine et Al-Qods, en tant que responsabilité incombant à chacun d’entre-eux.
6. Inviter les pays islamiques à éviter les luttes fratricides et à concentrer tous leurs efforts pour que tous leurs moyens soient consacrés à un processus qui permette aux Palestiniens de recouvrer leur droits légitimes.
7. Appeler à accélérer la mise en œuvre de l'accord de réconciliation palestinienne de sorte à mobiliser les soutiens à l’unité palestinienne, et de négliger aucun moyen qui permette de faire face aux dangers qui menacent la cause palestinienne.
8. Appeler à la mise en œuvre des résolutions portant sur le boycott du régime sioniste, au respect des règles de ce boycott, au refus de toute forme de normalisation avec cette entité, et au boycott des produits israéliens et américains dans le monde islamique.
9. Demander aux gouvernements des parlements membres qui entretiennent des relations politiques ou économiques avec l’entité sioniste de geler ces relations pour que l’administration américaine revienne sur sa décision erronée sur Al-Qods et le transfert de son ambassade dans la Ville Sainte.
10. Inviter l’Union interparlementaire à exclure la Knesset, en guise de sanction pour les violations par l'entité sioniste du droit international.
11. Mettre l’accent sur la nécessité de libérer les prisonniers palestiniens, capturés et détenus dans les prisons de l’occupant et en particulier les mineurs, ainsi que ceux placés sous le régime de la détention administrative, dont notamment les parlementaires palestiniens.
12. Souligner la nécessité de réactiver les fonds qui ont été créés au profit d’Al-Qods et de renforcer le soutien financier à la résistance du peuple palestinien face à l’occupant, à travers l'assistance matérielle et la couverture des besoins quotidiens de ce peuple vaillant.
13. Saluer la décision prise par les Parlements de la République islamique d’Iran et de la République d’Irak de charger leurs gouvernements respectifs de proclamer Al-Qods capitale éternelle de la Palestine et d’inviter tous les parlements membres de l’Union à prendre une décision similaire pour consacrer Al-Qods en tant que capitale authentique et éternelle de la Palestine indépendante.