RAPPORT SUR LA VISITE DE LA DÉLÉGATION DE L’UPCI AUX CAMPS DES RÉFUGIÉS ROHINGYA
DHAKA - REPUBLIQUE POPULAIRE DU BANGLADESH, 11-12 SEPTEMBRE 2018
En vertu de la résolution N° 27/PFR/13-CONF adoptée par la 13e Conférence de l’UPCI tenue à Téhéran, R.I. d’Iran en Janvier 2018, qui «a donné mandat au Secrétariat Général d’assurer le suivi de l'envoi d'une délégation de l’UPCI au Bangladesh pour visiter les camps de réfugiés Rohingya et faire le point de leurs conditions et envisager la possibilité de leur apporter une aide humanitaire»,
Le Secrétaire Général de l’UPCI était d’avis qu’une délégation des membres du Comité Exécutif de l'UPCI doit être formée à cet effet,
En réponse à l'appel de Son Excellence le Secrétaire Général aux Parlements membres du Comité Exécutif, les Honorables députés dont les noms suivent ont participé à la délégation :
PAYS
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NOME DES PARTICIPANTS
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1. République Démocratique et populaire ALGERIE : S.E. Député M. Adjissa Youcef
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4. Royaume du MAROC: Hon’ble Vice-Président du, S.E. M. Mohammed Ouzzine
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2. République Islamique d’IRAN: S.E. Député M. Seyed Hemayat Mirzadeh
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5. République du SOUDAN : Hon. Député M.Mohamed Elhassan Ahmed Mohamed, et Hon. Député M.Asim Omer Ahmed Adam
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3. MALAYSIE: HON. Vice-Président M. DATO’ HAJI MOHD RASHID BIN HASNON
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6. République du Turquie, S.E. Député, M. Orhan Atalay
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La délégation est arrivée au Bangladesh le 10 septembre 2018.
RENCONTRE AVEC LA PRÉSIDENTE DU PARLEMENT DE LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DU BANGLADESH
Le 11 septembre 2018, la délégation parlementaire de l'UPCI s'est réunie au siège du Parlement, avec S.E. Mme. Shirin Sharmin CHAUDHURY, Présidente du Parlement de la République populaire du Bangladesh. Après présentation des membres des deux délégations, Son Excellence Mme la Présidente a informé la délégation de ce qui suit:
La crise humanitaire actuelle résultant des dernières opérations militaires du Myanmar contre des civils Rohingyas a provoqué des souffrances catastrophiques. À la fin de 2017, il y avait près d'un million de réfugiés Rohingya dans la région de Cox Bazar, dont 700.000 sont arrivés depuis le 25 août 2017, ce qui s'ajoute aux 300.000 qui ont été victimes de violences similaires dans le passé. Cela signifie que plus de Rohingyas vivent maintenant au Bangladesh que dans leur pays d'origine. Non seulement le rythme des nouvelles arrivées depuis le 25 août 2017 a fait de cette crise de réfugiés celle qui connaît la croissance la plus rapide dans le monde, mais la concentration de réfugiés dans le Cox's Bazar est désormais l'une des plus denses au monde. Les réfugiés qui arrivent au Bangladesh - principalement des femmes et des enfants - sont traumatisés et certains sont arrivés avec des blessures graves causées par des coups de feu, des éclats d'obus, des incendies et des mines antipersonnel. Mais chacun d’entre eux a une histoire à raconter qui comporte les pires formes de violations des droits de l’homme subies depuis longtemps.
M. Mouhamed Khouraichi NIASS, Secrétaire général de l’UPCI, a remercié la présidente du Parlement de la République populaire du Bangladesh pour l’accueil chaleureux, qui lui a été réservé ainsi qu’aux autres membres de sa délégation, et s’est déclaré honoré d'écouter les explications et opinions concernant la tragédie humaine que vivent nos frères en Islam du fait du fanatisme et de l'extrémisme. «Il ne fait aucun doute que les musulmans en général et toute la communauté internationale sont reconnaissants au Bangladesh et à son peuple pour avoir accueilli ces nombres de réfugiés rohingyas », a-t-il ajouté.
Il a aussi exprimé sa solidarité avec le Bangladesh et s'est dit prêt à se mettre à ses côtés pour faire face à la pression exercées sur les réfugiés. M. NIASS a ajouté que cette question exige une sensibilisation internationale et l'exploitation de toutes les plateformes politiques et médiatiques pour informer le monde de l'ampleur de la tragédie, en plus de soutenir les victimes et de condamner les injustices contre l'humanité qui ont été commises au Myanmar.
D'autre part, tous les Membre de la délégation de l'UPCI ont remercié la Présidente du Parlement et le peuple de la République populaire du Bangladesh pour l'accueil chaleureux, et ont promis de demander à leurs parlements et à leurs gouvernements respectifs de faire pression sur le Myanmar pour permettre immédiatement à la population Rohingya, déplacée de force dans les pays voisins, en particulier les réfugiés Rohingya au Bangladesh, de retourner dans leur pays d'origine, l'État de Rakhine. Ils ont souligné qu’il était essentiel que les Rohingyas se sentent en sécurité avant leur retour dans leur pays et ont recommandé que les conditions minimales pour tout programme de rapatriement incluent un retour durable et volontaire des réfugiés Rohingya dans la sécurité, la sûreté et la dignité.
RENCONTRE AVEC LE MINISTRE D'ETAT AUX AFFAIRES ETRANGERES DE LA REPUBLIQUE POPULAIRE DU BANGLADESH:
Le 11 Septembre 2018, la délégation de l’UPCI a rencontré au ministère des Affaires étrangères, S.E.M. Md. Shahriar Alam, Ministre d'Etat aux Affaires Etrangères qui l’a informé des points suivants:
- Le Premier ministre, Cheikh Hasina, a pris une décision audacieuse et humanitaire d’accueillir le peuple Rohingya pour protéger l’humanité. Cependant, le Bangladesh ne peut pas supporter ce fardeau indéfiniment.
- Le gouvernement du Bangladesh a alloué environ 6.000 hectares de terres forestières pour abriter les Rohingyas, ce qui présente un risque écologique et environnemental considérable.
- Dans le cadre de son plan mis au point pour fournir une meilleure aide humanitaire et un abri, le Gouvernement du Bangladesh a prévu de reloger les déplacés Rohingyas à «Vashan Char» qui est en train d’être préparé pour satisfaire toutes les normes de l'habitation humaine.
- Le Bangladesh est fermement convaincu que la solution durable de la crise Rohingya réside dans le retour durable des personnes déplacées dans leurs lieux de résidence d'origine, dans des conditions de sécurité et de dignité et avec une garantie de moyens de subsistance, mais surtout dans le recouvrement de leurs droits civils, politiques et économiques, comme l’a souligné la Commission Kofi Annan.
- Le problème a son origine au Myanmar et sa solution doit être trouvée au Myanmar. Le Bangladesh cherche une solution pacifique à la crise.
- Le Bangladesh reste également en contact avec le Myanmar et a conclu trois instruments nécessaires pour le rapatriement afin que les Rohingyas déplacés de force puissent rentrer au Myanmar dans la sécurité, la sûreté et la dignité, être réinstallés dans leur pays et réintégrés dans la Société du Myanmar.
- Tous les trois instruments ont créé un espace pour la participation de la communauté internationale et le Bangladesh a déjà impliqué le HCR dans le processus.
- Dans l’état actuel des choses, la mise en œuvre du processus de rapatriement dépend entièrement de la sincérité et du sérieux des autorités du Myanmar. La création d'un «environnement favorable» dans l'État de Rakhine est cruciale pour le succès du processus de rapatriement.
- Le Bangladesh voudrait faire comprendre à la communauté internationale que sans une pression diplomatique déterminante sur le Myanmar, il serait difficile de progresser sur le retour des Rohingyas. Si la communauté internationale ne parvient pas à traduire les auteurs en justice, il se peut que de nombreux autres massacres similaires se produisent dans le monde.
Après avoir écouté le brillant exposé de Son Excellence M. le Ministre d'État aux affaires étrangères du Bangladesh, le Secrétaire général de l'UPCI a prononcé un discours dans lequel il a exprimé ses sincères remerciements à M. Shahriar Alam pour avoir chaleureusement accueilli la délégation de l'UPCI et avoir facilité sa mission. Il a expliqué les circonstances dans lesquelles cette délégation a été formée sur la base de la décision de la 13ème Conférence de l’UPCI.
Son Excellence le Secrétaire Général a également remercié Monsieur le Ministre de son exposé sur les problèmes posés par l'afflux massif de réfugiés au Bangladesh, et de ses explications et propositions qui seront transmises aux Parlements membres de l’UPCI, afin que la Oumma islamique se mette vraiment aux côtés du Bangladesh et des Rohingyas dans cette terrible tragédie, et que le monde entier se mobilise pour le triomphe de l'équité et de la justice.
M. le Secrétaire général a ajouté: "Cela exige que la Oumma fournisse toute sorte de soutien politique, médiatique et matériel au Bangladesh et aux Rohingyas opprimés qui sont déplacés de leurs terres. Des efforts doivent être déployés pour mettre cette question au-devant de la scène internationale et dans les médias pour briser le silence sur les crimes commis par les autorités du Myanmar contre les Rohingyas."
VISITE AUX CAMPS DE REFUGIES A COX BAZAR
Le 12 Septembre 2018, la délégation de l'UPCI a quitté Dhaka pour Cox Bazar, puis de l'aéroport elle s’est rendue aux camps de réfugiés. La délégation de l'UPCI s'est d'abord rendue dans les camps où les réfugiés venaient d'arriver il y a un mois. Les réfugiés ont parlé de leurs épreuves et de la disparition de membres de leur famille. La délégation de l'UPCI a posé des questions auxquelles les réfugiés ont répondu.
La délégation de l'UPCI a été emmenée plus tard, à d'autres camps de réfugiés Rohingyas dans la région de Cox Bazar, où ses membres ont eu l'occasion de rencontrer les réfugiés Rohingyas et de discuter avec eux des détails de leur calvaire. Les réfugiés ont parlé de l'état sordide de la situation des droits de l'homme dont ils ont souffert au Myanmar. Des récits horribles de violations des droits de l'homme ont été relatés par les réfugiés rohingyas qui parlaient tous de discrimination systémique qui leur refusait toutes sortes de droits civils, politiques, économiques et sociaux. En outre, des civils innocents, notamment des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont subi des violations généralisées et une violence aveugle sous la forme de torture, de viol et d'exécutions extrajudiciaires. Des témoins oculaires ont également fourni des détails poignants sur les terribles événements d'août 2017, lorsque, dans un prétexte de poursuivre les assaillants de deux postes de sécurité, les forces ont incendié des centaines de villages Rohingya et des milliers de civils innocents ont été torturés et brutalisés par l'armée du Myanmar à l'aide d'hélicoptères et de roquettes lance-grenades.
De pires formes de violence, notamment les exécutions extrajudiciaires, la torture, les viols et les déplacements forcés ont été perpétrées contre les femmes et les enfants Rohingya. La délégation de l'UPCI a reçu des informations de première main des victimes de ces violations qui se sont réfugiées dans le Cox Bazar. Beaucoup de femmes Rohingya ont raconté en larmes comment elles, y compris les jeunes filles, avaient été violées par des soldats. Certaines d'entre elles ont également raconté les horribles récits et témoignages selon lesquels des membres de leur famille ont été tués, certains de leurs enfants ont eu la tête fracassée contre des arbres, des enfants et leurs parents du troisième âge sont jetés dans des maisons en flammes et leurs maris sont tués par balles. Plusieurs rapports fiables affirment que ces violations généralisées, en particulier les violences sexuelles contre les femmes et les enfants, notamment les filles, sont systématiques, multidimensionnelles et s'inscrivent dans une campagne organisée de nettoyage ethnique, classée dans la catégorie des crimes contre l'humanité au regard du droit international.
La délégation de l'UPCI a également rencontré les représentants des agences humanitaires et de défense des droits de l'homme des Nations Unies, ainsi que des représentants d'organisations internationales de défense des droits humains et des représentants des autorités locales et de la société civile. En conséquence, sur la base d’informations tirées de témoignages directs de victimes et de témoins oculaires, qui ont été répétées / confirmées par différents groupes de victimes dans différents camps, et largement relatées dans des rapports pertinents sur les droits de l’homme rédigés par des organisations de renom, la délégation de l’UPCI a pu conclure qu'il existe des preuves suffisantes d'une discrimination institutionnalisée et des violations systématiques contre les musulmans Rohingya au Myanmar. La nature systématique de la discrimination peut également être qualifiée d’apartheid, qui est considéré comme un crime contre l’humanité au regard du droit international des droits de l’homme.
Il convient de noter que les camps de réfugiés ont été installés dans une zone s'étendant le long de la frontière avec le Myanmar, dans une vallée où vivaient beaucoup d'animaux sauvages, et où il y avait beaucoup d’arbres et lacs. Cependant, en raison des flux massifs de réfugiés sur une courte période, l'environnement de la région a subi des dommages considérables car la plupart des bambous ont été coupés pour construire des huttes improvisées pour les réfugiés et pour servir de bois de chauffage. L'une des principales craintes exprimée par les responsables bangladais est que la situation pourrait s'aggraver pendant la mousson, ce qui provoquerait des glissements de terrain et de graves inondations, à moins que d'autres travaux d'ingénierie ne soient réalisés. Des ressources supplémentaires sont donc absolument nécessaires étant donné que le Bangladesh, malgré tous ses efforts, ne serait pas en mesure de relever le défi humanitaire colossal au cours de la prochaine saison des pluies.
Alors que la situation des réfugiés et leurs histoires étaient déchirantes, il était un motif de satisfaction de noter que le Gouvernement du Bangladesh s'efforçait de tout mettre en œuvre pour aider les réfugiés rohingyas et faciliter la gestion ordonnée des opérations de secours humanitaires. Il faut également reconnaître et saluer la générosité et la compassion des communautés d’accueil du Cox Bazar pour avoir fourni l’abri, partagé leurs biens personnels et donné de leur temps pour enseigner aux enfants leur langue et le Coran. Malgré leurs ressources limitées, les citoyens aident les populations rohingya qui ont fui le Myanmar par crainte pour leur vie et leur dignité.
Dans le même temps, la délégation a toutefois déploré l'état psychologique catastrophique des réfugiés, qui ont été visiblement bouleversés par les horribles violations dont ils ont été victimes et dont ils ont été récemment témoins. Lorsqu'ils ont été interrogés sur leur volonté de rentrer chez eux, la plupart d'entre eux ont catégoriquement refusé de rentrer, à moins que des garanties irréfutables ne soient données pour leur sécurité et leurs droits fondamentaux.
RECOMMANDATIONS DE LA DELEGATION :
- Sensibiliser les médias et mobiliser l'ensemble des énergies des communautés musulmanes pour souligner l'importance de la question des réfugiés Rohingya, mettre en exergue l'ampleur de l'injustice et de la souffrance et transmettre l'image réelle de cette catastrophe humaine dans le monde entier.
- Demander aux Parlements membres de promouvoir le niveau de coordination et de coopération entre eux au sein des instances internationales et appeler à poursuivre les auteurs de ces atrocités et violations et à les traduire devant la justice internationale.
- Attirer davantage l'attention des dirigeants politiques sur l'intérêt d'intensifier l'action internationale pour exercer des pressions sur le gouvernement du Myanmar afin de parvenir à une solution politique qui empêche l'afflux de réfugiés et préparer l'atmosphère convenable pour le retour des réfugiés à leur pays d'origine.
- Demander aux Parlements membres d’exhorter leurs gouvernements respectifs à offrir une assistance matérielle supplémentaire au gouvernement du Bangladesh et à toutes les organisations de bienfaisance et de secours qui fournissent une assistance aux réfugiés rohingyas.
Le 05 septembre 2018
PROGRAMME
DIMANCHE / LUNDI , 09/10 SEPTEMBRE 2018
---- heures: Arrivée des délégations à l'aéroport international de « Hazrat Shah Jalal ».
Accueil par l’honorable MP / fonctionnaires du Parlement du Bangladesh.
: Séjour à l'hôtel Pan Pacific Sonargaon
MARDI 11 SEPTEMBRE 2018
10H30: Départ de l'hôtel vers le siège du Parlement du Bangladesh
11H00: Rencontre avec l’honorable Présidente du Parlement du Bangladesh à son bureau
12H30: Visiter le bâtiment du Parlement
13H00: Déjeuner offert par l’honorable Présidente du parlement à la cafétéria VIP du Parlement du Bangladesh
14H30: Quitter le parlement du Bangladesh pour le Ministère des Affaires Etrangères
15H00 : Rencontre avec le Ministre d'État / réunion d'information au Ministère des Affaires Etrangères
16H00 : Quitter le Ministère des Affaires Etrangères pour l'hôtel
16H30 : Arrivée à l'Hôtel
MERCREDI 12 SEPTEMBRE 2018
07H00: Départ de l'hôtel pour l'aéroport domestique de Dhaka
08H15: Départ de Dhaka pour Cox’s par le vol Novoair VQ-931
09H20: Arrivée à l'aéroport de Cox's Bazar
09H30: Quitter l’aéroport de Cox’s Bazar vers les camps de réfugiés Rohingya par la route
10H30: Arrivée aux camps des Rohingya et visiter les camps
14H00 Déjeuner (Quiet lunch)
15H00: Quitter les camps pour l'aéroport de Cox’s Bazar par la route
16H00: Arrivée à l'aéroport de Cox's Bazar
16H30: Départ de Cox’s Bazar pour Dhaka par le vol Novoair VQ-938
17H35: Arrivée à l'aéroport domestique de Dhaka
18H00: Quitter l'aéroport pour l'hôtel
19H00: Arrivée à l'hôtel
JEUDI / VENDREDI 13/14 SEPTEMBRE 2018
--------: heure de départ vers l'aéroport international Hazrat Shah Jalal
Départ de la délégation