DECLARATION DE BAMAKO ADOPTEE PAR LA 12e SESSION DE LA CONFERENCE DE L’UPCI

BAMAKO, REPUBLIQUE DU MALI
28 RABI UL THANI 1438H
27 JANVIER 2017

Nous, Présidents et Membres des délégations des Parlements des Etats membres de l’UPCI, participant à la XIIe session de la Conférence de l’UPCI, tenue à Bamako, République du Mali, le 27 Janvier 2017, à l’aimable invitation de l’Assemblée Nationale de la République du Mali, ayant examiné les différents points de l’ordre du jour de la session  liés aux développements et aux défis auxquels le monde islamique se trouve confronté :

REAFFIRMANT notre engagement à mettre en œuvre et à concrétiser les principes et objectifs de l’Union dont nous sommes convaincus qu’ils sont partie intégrante du processus visant à réaliser la paix, la démocratie et la stabilité dans le monde islamique et à baliser la voie à la participation de l’Oummah islamique à l’édification d’un monde plus avancé, sûr et stable, et à la réalisation du bien-être et de la prospérité de l’humanité tout entière ;

APPRECIANT HAUTEMENT le rôle actif, proéminent et influent joué par l’Union dans les questions importantes et vitales qui préoccupent la communauté internationale, vu qu’elle fédère  tous les Parlements islamiques et a vocation de mener  des consultations et de traiter les causes communes des musulmans et de l’ensemble de l’humanité, sur la base des nobles valeurs de justice, de démocratie et du bien de tous, étant donné le caractère populaire des Assemblées législatives et consultatives de nos pays en tant que porte-parole indépendant et sincère des peuples musulmans, dans le contexte de la réalisation de l’indépendance, de la justice et de l’équité ;

REAFFIRMANT que la justice, la paix et la sécurité, d’un côté, le développement durable, d’un autre côté, constituent deux piliers qui se soutiennent mutuellement et que la concrétisation simultanée, équilibrée et juste de ces deux pierres angulaires devrait être la première des priorités sur l’agenda des Etats et des organisations régionales et internationales ;

RECONNAISSANT l’importance d’une gestion des relations interétatiques qui soit fondée sur le principe de respect de la souveraineté nationale, des intérêts communs, du rejet catégorique de toute ingérence étrangère, de l’engagement de l’ensemble des Etats à réaliser la justice sociale, et à privilégier la voie du dialogue, de l’entente, de l’équilibre au niveau des plans de développement entre le volet économique et le volet social, et de la sauvegarde de l’environnement ;

REAFFIRMANT que la diversité des traditions, des cultures et des convictions constitue un garant solide de la pérennité des valeurs les plus nobles, telles que la liberté, la justice, l’égalité et la tolérance ;

SALUANT les efforts visant à promouvoir la culture de la paix, du dialogue, de la diversité culturelle, de la justice, de l’égalité, de la participation des femmes et des jeunes aux activités locales et internationales, du respect et de la garantie des principes des Droits de l’homme ;
EXPRIMANT notre vive préoccupation devant les développements et les actes de terrorisme graves au Nord du Mali, attisés par les gangs du crime organisé transfrontalier, et notamment le trafic d’armes et de drogue, qui menacent la stabilité, la paix et le développement socioéconomique des pays de la région du Sahel africain;

EXPRIMANT notre ferme volonté de faire face au phénomène du terrorisme à travers le renforcement de la coopération entre tous les pays de l’Oummah islamique, et à travers également le développement de la coopération régionale et internationale dans le cadre du Code de Conduite pour la lutte contre le terrorisme international adopté par l’OCI en 1994, de la Convention de l’OCI sur la lutte antiterroriste adoptée par la 26ème session du CMAE tenue à Ouagadougou(Burkina Faso) en 1999, de la Charte des NU et notamment la Stratégie mondiale des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme;

APPRECIANT hautement la généreuse hospitalité réservée par la République du Mali, son Gouvernement, son Peuple et son Assemblée Nationale, à la 12e Conférence de l’UPCI, et adressant toutes nos félicitations à S.E.M Issaka Sidibé, Président de l’Assemblée Nationale du Mali, à l’occasion de son accession à la présidence de l’Union Parlementaire des Etats Membres de l'OCI (UPCI) ;
Nous Déclarons ce qui suit :

1.    REAFFIRMONS notre attachement à la souveraineté, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la République du Mali, et notre entière solidarité avec S.E.M. Ibrahim Boubacar Keita, Président de la République du Mali ainsi qu’avec le Gouvernement, l’Assemblée Nationale et le peuple maliens dans leur guerre contre le terrorisme, et Demandons à nos Gouvernements de fournir un soutien financier conséquent et de donner aux Maliens les moyens dont ils ont besoin pour faire face aux menaces qui pèsent sur la paix et la stabilité dans ce pays musulman et dans l’ensemble de la région de l’Afrique de l’Ouest en général.

2.    EXPRIMONS notre condamnation du terrorisme, en tant que credo, idéologie et pratique ; et INVITONS nos Gouvernements à faire évoluer la coopération entre eux dans le but d’extirper et d’éradiquer le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, en mettant à profit les expériences et expertises accumulées dans ce domaine.

3.     SALUONS les efforts des autorités maliennes pour mettre en œuvre l’accord de paix et de réconciliation au Mali, émanant du processus d’Alger, et EXPRIMONS une nouvelle fois notre attachement à la sauvegarde de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale de la République du Mali.

4.    INVITONS les Gouvernements des Parlements membres de l’UPCI à fournir une assistance financière urgente et un soutien conséquent à la République du Mali pour aider ce pays à combattre le fléau du terrorisme de manière efficace, à consolider le processus de paix et de stabilité et à réaliser son développement intégré et durable.

5.     CONDAMNONS dans les termes les plus énergiques toutes agressions contre les lieux saints islamiques, et notamment Makkah Al Moukarramah, qui est considérée comme une ligne rouge à ne pas franchir pour tous les Musulmans.

6.     REAFFIRMONS le caractère central de la cause de la Palestine et d’Al Qods pour l’Oummah islamique, et Soulignons qu’une solution globale, durable et équitable à la question palestinienne, incluant la création d’un Etat palestinien indépendant et ayant pour capitale la ville d’Al Qods, constitue une condition préalable à l’instauration de la paix et de la stabilité dans la région du Moyen-Orient.

7.    REAFFIRMONS les droits des minorités musulmanes pour tout ce qui concerne le respect de leur dignité, de leur sécurité, de la protection de leur honneur, de leur droit à la libre pratique de leurs croyances et au libre exercice de leur culte, de leur droit à travailler, à gagner leur vie et à ce que leurs biens soient protégés, ainsi que de leur droit à jouir de tous les droits dont bénéficient les autres citoyens du pays et à préserver leur identité culturelle ; INSISTONS à cet égard sur notre soutien à l’interdiction de toute incitation à /ou toute pratique de la discrimination contre les concitoyens non-musulmans et  sur la nécessité  de les considérer comme des citoyens au même titre que les musulmans, en termes de droits et de devoirs.

8.    EXHORTONS les Etats membres de l’OCI à mettre en place un nouvel ordre économique fondé sur la solidarité islamique et APPUYONS la création d’une plateforme pour renforcer les relations économiques, commerciales, financières et bancaires, sans discrimination entre les peuples, et de façon plus particulière entre les membres de l’Union, et cela à travers le développement et la consolidation de la coopération régionale et subrégionale, dans le but de réaliser le développement durable et de garantir les conditions équitables pour réaliser la croissance économique à laquelle nous aspirons, accroître le PIB de nos Etats, relever le volume de leurs exportations et, partant, contribuer à créer de nouvelles opportunités d’emploi productif au niveau des économies nationales et à accélérer le rythme du progrès économique au service de la lutte contre la pauvreté et de la réalisation des autres objectifs importants figurant dans le Document de développement du millénaire.

9.    EXHORTONS les pays riches appartenant à l’espace islamique à accorder une assistance accrue aux pays musulmans du continent africain pour leur permettre de faire face aux défis du développement, notamment dans le domaine du développement industriel.

10.     REAFFIRMONS que le dialogue des civilisations, la mise en avant des valeurs et des dénominateurs qui leur sont communs et l’actuel dialogue entre les religions fondé sur le respect mutuel constituent autant d’éléments indispensables à la paix sur lesquels nous insistons pour tout ce qui concerne la réalisation de la paix, de la sécurité, de la tolérance et à une  cohabitation entre les hommes loin de tout extrémisme ; sur cette base, APPELONS au nécessaire approfondissement du dialogue entre les doctrines (mâdahib) islamiques, à la lutte contre le fanatisme et l’extrémisme, à la diffusion d’une compréhension saine de la religion et de ses préceptes et au rejet de tout anathème (takfir) et de toute tendance à la violence et à la malfaisance.

11.    REAFFIRMONS la détermination des Etats membres de l’OCI à poursuivre la coopération efficace et la concertation agissante pour faire face au phénomène de l’islamophobie, de dénigrement des relions monothéistes et d’incitation à la haine et à la discrimination envers les musulmans ; et APPELONS à la mise ne œuvre de la stratégie de lutte contre l’islamophobie adoptée par le 11ème  Sommet islamique.

12.    INSISTONS sur la nécessité de lutter contre les campagnes médiatiques hostiles à l’islam et aux musulmans sous toutes leurs formes et EXPRIMONS notre vive préoccupation devant les manifestations d’intolérance et de discrimination et la multiplication des actes de violence visant l’islam et les musulmans dans différentes contrées du globe, parallèlement à la diffusion de l‘image négative et des stéréotypes réducteurs à propos de l’islam et des musulmans en s’ingéniant à les associer systématiquement à la violence et au terrorisme dans les médias internationaux.

13.    REAFFIRMONS la teneur de la résolution adoptée par la Réunion extraordinaire du Conseil des Ministres des Affaires Etrangères des Etats membres de l’OCI, tenue à Makkah al Moukarramah, en Arabie Saoudite, le 17 Safar 1438/17 Novembre 2016, relative au lancement d’un missile balistique sur  Makkah al Moukarramah.

14.    SOULIGNONS que l’adoption par le Congrès américain de la loi contre les parrains du terrorisme(JASTA) constitue un motif de vive préoccupation pour la communauté internationale et est contraire aux principes de la charte des NU qui sont fondés sur le respect du principe d’égalité de la souveraineté, l’immunité souveraine des Etats et les règles établis par la CIJ depuis 1949 concernant le respect de la souveraineté et la prééminence du droit international par rapport aux lois internes, et la convention des NU sur les immunités des Etats et de leurs biens vis-à-vis de la tutelle juridique adoptée en vertu de la résolution 38/59 (décembre 2004) de l’AGNU ; SOULIGNONS également  que cette loi est de nature à impacter négativement les rapports inter-Etats, y compris les relations avec les Etats Unis d’Amérique, et  Exprimons  l’espoir que la sagesse finira par prévaloir et que le Congrès américain prendra les mesures nécessaires pour éviter les conséquences négatives et dangereuses pouvant découler de la mise en œuvre de cette loi.

Bamako, 27 Janvier 2017

Dernières Nouvelles