S.E. M. Malick Ndiaye, Président de l'Assemblée nationale du Sénégal, à l'UPCI :

La Diplomatie Parlementaire : Un Instrument de Résistance et un Levier de Solidarité avec les Palestiniens

La Diplomatie Parlementaire :  Un Instrument de Résistance et un Levier de Solidarité avec les Palestiniens

Dans une interview avec le Bulletin de l'UPCI, le Président de l'Assemblée Nationale du Sénégal, S.E. M. Malick Ndiaye, a adressé plusieurs questions clés, y compris le développement économique en Afrique, le développement durable, le blocus contre Gaza, ainsi que l'intelligence artificielle. Vous trouverez ci-dessous le texte intégral de cette interview :

1. Quelles approches pourraient être envisagées pour renforcer le rôle des femmes et des jeunes dans les politiques économiques africaines, à la lumière d’expériences réussies telles que celle de la République du Sénégal ?

La République du Sénégal a compris depuis longtemps que le développement économique ne saurait être inclusif sans l’implication pleine et entière des femmes et des jeunes. À travers des politiques ciblées telles que le Programme de Promotion de l’Entrepreneuriat des Jeunes et des Femmes et le Fonds Délégation à l’Entrepreneuriat Rapide (DER/FJ), le Sénégal a su stimuler l’innovation et l'emploi de ces deux groupes souvent marginalisés.

Pour renforcer cette dynamique à l’échelle continentale, nous proposons:

L’élargissement de fonds d'investissement panafricains dédiés à l’entrepreneuriat féminin et juvénile.

La mise en réseau des incubateurs et centres de formation technique à travers l’Afrique.

L’intégration systématique de la parité et de la jeunesse dans les processus de budgétisation sensible au genre.

Notre ambition est de faire des femmes et des jeunes les co-architectes des politiques publiques économiques, en leur donnant un siège à la table des décisions.

2. Dans le contexte du développement économique remarquable que connaît la République du Sénégal, quelles mesures pourraient être prises afin de renforcer les partenariats Sud-Sud entre le Sénégal et les autres États Membres africains de l’OCI, en vue de promouvoir un développement intégré et durable?

Le Sénégal, fort de sa stabilité et de son modèle de développement résilient, a un rôle pivot à jouer dans la consolidation des partenariats Sud-Sud, notamment avec les États africains membres de l’OCI. Ces partenariats doivent, bien entendu, aller au-delà des déclarations de principe pour devenir de véritables leviers de coopération productive. Rappelons, à cet égard, le vibrant appel lancé par Son Excellence Bassirou Diomaye lors du 15ème sommet de l’OCI, en faveur d’une coopération dynamique et fructueuse qui devrait se concrétiser à travers l’exploitation et la mise en valeur des énormes ‘ressources humaines, naturelles et financières dont Allah a gratifié la Oummah.

A cet effet, le Sénégal prône des initiatives telles que :

La création d’un fonds commun de co-investissement islamique pour financer des projets stratégiques dans l’agriculture, l’énergie, l’industrie halal et les TIC ;

La mise en place de zones économiques spéciales conjointes qui favorisent la production, la transformation et l’exportation de produits à forte valeur ajoutée ; et

L’intensification des échanges d’expertise parlementaire et technique pour harmoniser les cadres juridiques et faciliter les investissements intra-OCI.

3. Quels sont les mécanismes concrets que les Parlements des États Membres de l’OCI pourraient mettre en œuvre pour faire pression sur la communauté internationale, afin de mettre un terme à l’agression israélienne contre Gaza et de lever le blocus ?

Face à l’agression persistante contre Gaza et au blocus inhumain qui frappe la population civile, les Parlements des États membres de l’OCI ont une responsabilité morale et politique. Ils doivent agir au-delà des résolutions symboliques.

Sur cette question, la position du Sénégal est sans équivoque et ne se limite guère à des condamnations et au soutien constamment renouvelé en faveur des nombreuses résolutions et sanctions contre la puissance occupante. Tout récemment, en juillet, notre pays a abrité, la conférence internationale sur la question de Jérusalem, organisé conjointement par les Nations Unis et l’OCI. Au préalable, j’ai, moi-même pris part, sur invitation de mon homologue turc, à la réunion du groupe de soutien de parlementaires à la cause palestinienne.

D’autres mécanismes concrets pourraient être envisagés, notamment :

La création d’un comité parlementaire permanent sur la Palestine, chargé de porter la voix des peuples de l’OCI dans toutes les tribunes internationales.

L’organisation d’une mobilisation parlementaire coordonnée pour réclamer des sanctions contre les violations du droit international humanitaire

La promotion de la diplomatie parlementaire, en tant qu’instrument de résistance et levier de solidarité active envers les palestiniens.

4. Comment les institutions parlementaires peuvent-elles exploiter les progrès de l’intelligence artificielle, tout en veillant à préserver les valeurs humaines fondamentales dans le processus décisionnel et l’action politique ?

L’essor de l’intelligence artificielle (IA) ouvre des perspectives majeures pour les institutions parlementaires : amélioration de la transparence, gestion documentaire intelligente, appui à l’analyse des politiques publiques, etc. Toutefois, il est impératif de veiller à ce que la machine n’éclipse jamais la conscience humaine.

Nos institutions doivent adopter une approche équilibrée :

En intégrant l’IA dans les processus parlementaires, tout en garantissant un contrôle humain sur les décisions critiques.

En adoptant des cadres juridiques éthiques, basés sur le respect de la vie privée, la non-discrimination et la responsabilité.

En mettant en place des commissions parlementaires sur l’IA et l’éthique numérique, afin d’anticiper les dérives et de promouvoir une IA au service du bien commun.

La technologie doit rester un outil au service de l’homme, et non une finalité en soi. Notre devoir est de préserver l’humanité de la décision politique, dans un monde de plus en plus automatisé.

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