Allocution de M. El Malki à l'ouverture de la 14ème Conférence de l’UPCI

Allocution de M. El Malki à l

Allocution de M. Habib El Malki Président de la Chambre des Représentants À l'ouverture des travaux de la 14ème Session de la Conférence de l'Union Parlementaire des États Membres de l'OCI.

Au Nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux. Prière et Salut soient sur notre Prophète, sa famille et ses compagnons

Monsieur le Président de la Chambre des Conseillers,

Messieurs les Ministres,

Excellences, collègues présidentes et présidents des parlements membres de l'Union,

Mesdames, Messieurs Chefs des délégations,

Excellences Mesdames, Messieurs les ambassadeurs,

C'est avec une grande joie que je procède en votre compagnie à l'ouverture des travaux de la 14ème Session de l'Union Parlementaire des États Membres de l'OCI, qui se tient sous le Haut Patronage du Commandeur des Croyants, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste. Ce Haut Patronage témoigne de l'intérêt particulier que Sa Majesté le Roi ne cesse d'accorder aux questions intéressant le Monde islamique, et confirme aussi l'attention particulière que Sa Majesté porte à notre Union.

Je voudrais, tout d’abord, vous souhaiter chaleureusement la bienvenue au Royaume du Maroc, et un séjour fructueux, tout en espérant que cette session de Rabat constituera un apport qualitatif aux idées et aux réalisations accumulées par notre Union, ainsi qu'à nos initiatives en cours. Je voudrais également remercier Monsieur le Président de l'Union, Monsieur le Secrétaire Général, ainsi que leurs équipes pour les efforts qu'ils ne cessent de déployer dans le but de développer l'action de notre Union.

Notre Conférence se tient cinquante années après la création de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) suite à la résolution adoptée par le Sommet historique tenu ici à Rabat en septembre 1969, à la suite de l'incendie de la mosquée Al-Aqsa à Al-Qods occupée, commis par les gangs sionistes. Cette Session se tient également dans un contexte international complexe qui exacerbe la gravité et l'ampleur des défis auxquels font face de nombreuses régions dans le monde, y compris le monde islamique.

Excellences,

Chers Collègues,

Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames, Messieurs,

Nous considérons, au Parlement marocain, que la tenue de cette session à Rabat sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI constitue un signe d'estime et de reconnaissance de la part de notre Union à l'égard du rôle que joue le Royaume du Maroc dans le monde islamique. Sa Majesté le Roi a bien voulu que cette session se déroule sous son Haut Patronage, témoignant ainsi de son estime pour notre Union et les rôles qu'elle devrait assumer. Il ne fait aucun doute que les membres de l’Union se souviennent du discours historique  prononcé à l’ouverture des travaux de la deuxième session de la Conférence de l’Union, tenue les 27 et 28 septembre 2001 dans cette même salle. Il s'agit d'une étape qui a permis de jeter les bases de l’Union naissante à l'époque, et qui aspirait à jouer un rôle central parmi les institutions de l’action islamique commune. À cette occasion, l’ouverture de notre conférence nous impose de rappeler les efforts méritoires et remarquables que déploie Sa Majesté, en sa qualité de Président du Comité Al-Qods, pour mettre fin à l’occupation israélienne de la Ville sainte, protéger ses lieux saints et ses monuments islamiques, et soutenir la résistance du peuple palestinien dans la Ville sainte, et l'ensemble des territoires occupés, grâce notamment à des projets qualitatifs concrets réalisés par l'Agence de Bayt Mal Al Qods.

C'est donc à Sa Majesté le Roi que nous témoignons notre gratitude et notre reconnaissance pour ces efforts et ces initiatives  propices au au progrès et  audéveloppement des sociétés et des pays musulmans. En effet, la toute récente de ces initiatives fut la haute sollicitude de Sa Majesté qui a bien voulu donner Son accord à la désignation de sa soeur, SAR la Princesse Lalla Meryem, ambassadeur de bonne volonté de l'Organisation de la coopération islamique, dans le domaine de l’autonomisation de la femme … de l’institution du mariage et de la famille, et de la lutte contre le mariage des mineures, qui figurent parmi les problématiques sociales susceptibles de se transformer en dilemmes dans le monde islamique.

Il s'agit d'un geste et d'un signal de la part de Sa Majesté, dénotant l'importance capitale que revêt la cohésion sociale et familiale, au même titre que la place qu'occupe la famille dans l'édification de sociétés fortes, recueillant l'estime dans le monde d'aujourd'hui.

 

Mesdames, Messieurs,

Comme je l'ai déjà fait observer, les pays islamiques continuent de faire face à de graves défis qui entravent leur développement et leur progrès, et gaspillent leurs ressources humaines, matérielles et immatérielles. A l’instar de peuples et de nos gouvernements, nous exprimons ici, de manière unanime, notre conviction le plus grand défi chronique auquel nous sommes confrontés réside dans notre incapacité à faire valoir les droits légitimes du peuple palestinien frère, lui permettant la libération de son territoire, l'établissement de son État indépendant avec Al-Qods pour capitale, et le retour des réfugiés dans leurs foyers. La souffrance de ce peuple est exacerbée au quotidien par les pratiques de l'occupation israélienne de la Palestine. En effet, les colonies et la confiscation des terres et des biens palestiniens sapent obscurcie toute perspective d’un règlement juste du conflit israélo-palestinien; de même, le mur de séparation raciste rend intenable la vie des Palestiniens au quotidien En outre, le blocus israélien fait de la bande de Gaza une zone géographique où des tragédies sont affligées chaque jour à plus de deux millions Palestiniens. En même temps, les politiques d'assassinat, de répression et de détentions pratiquées par le gouvernement d'occupation à l'encontre du peuple palestinien s'exacerbent, tirant parti de l'instabilité sans précédent que connaît actuellement la profondeur stratégique arabe et islamique de la Palestine, et les rapports de force internationaux déséquilibrés.

C’est aussi une occasion de souligner que ce n'est nullement en vain que le peuple palestinien a fait tous ces sacrifices historiques, et lutté longuement et âprement, car son droit à son État et à sa terre et son exploitation est inaliénable.

Outre les défis historiques et les responsabilités qui nous incombent, en tant que pays islamiques, épris des valeurs de justice et de paix envers la Palestine et son peuple qui subit une injustice historique depuis plus de 70 ans, il faudra ajouter les conflits qui éclatent dans de nombreuses régions du monde islamique.

Il n’est pas exagéré de dire que cet espace géopolitique est aujourd’hui le théâtre du plus grand nombre de conflits dévastateurs, dont les plus vastes et les plus coûteux, avec toutes les implications que cela peut avoir en termes de relations entre les pays du monde islamique, mais aussi pour le développement, ainsi que l’Homme et l’avenir.

Ces conflits entraînent des situations sociales et humanitaires pénibles, dont les principales manifestations sont les migrations, les exodes massifs, les asiles, et la dépossession de larges franges de citoyennes et de citoyens de leurs droits les plus élémentaires, y compris la destruction de l'avenir de générations entières qui ne sont nullement responsables de la frustration et du désespoir qu'elles subissent et qui les privent d'une vie digne.

Dans un certain nombre de pays islamiques, ce phénomène est exacerbé par les dérèglements climatiques sans précédent, forçant ainsi de larges couches de la population à quitter leurs pays.

Dans le contexte des défis évoqués, nous affrontons ensemble le fléau du terrorisme et de l'extrémisme dont ont souffert ou souffrent encore la majorité des pays du monde islamique. Ce phénomène se nourrit des conflits, de la culture du négativisme, des charges idéologiques, et des discours nihilistes qui s'érigent contre la différence, hostiles au progrès et au développement, voire à la vie et sa splendeur. Comme le philosophe Averroès l'avait relevé, "Il n’est pire ennemi de l’Islam que l’ignorant qui accuse les autres de mécréance".

Nous menons le même combat contre le terrorisme et l'extrémisme, car le terrorisme représente une menace pour notre sécurité collective et notre stabilité. Ce n'est pas un excès de patriotisme de dire que le Royaume du Maroc est un modèle efficace qui a fait ses preuves dans la lutte contre le terrorisme, grâce à la trilogie fondée sur l'appel à la modération par la formation des imams et des prédicateurs; l'action sécuritaire efficace dans le cadre du respect de la loi; et la lutte contre la précarité sociale qui constitue un terrain propice aux agissements des groupes terroristes.

Certes, ceci est favorisé par l’attachement des Marocains à la doctrine du juste milieu, de l’ouverture et de la tolérance, et particulièrement au rôle historique de la Commanderie des croyants. Nous sommes fiers de partager aujourd’hui cette expérience et cette voie avec nombre de nos frères des pays islamiques et nos amis des Etats alliés dans le combat commun contre le terrorisme.

La réussite des pays islamiques à prodiguer un enseignement inclusif fournissant savoir et culture et constituant un outil d’épanouissement et de promotion sociale, est un défi et un enjeu communs pour la majorité des pays islamiques. La maîtrise et l’assimilation des technologies de l’information et leur exploitation dans les secteurs des services, de l’économie et de la culture, pour des transactions fluides et transparentes, demeurent un objectif urgent pour nos peuples, et particulièrement pour notre jeunesse; ce qui nécessite un investissement conséquent dans ce domaine équivalent à celui qu’exige la recherche scientifique. Il n’y a aucun doute que nous sommes tous conscients de l’abime qui sépare nos sociétés des pays au faîte de la science et de la connaissance.

Ce domaine constitue un secteur essentiel ouvrant de larges perspectives pour les sociétés du point de vue de sa valeur ajoutée économique, de la modernisation des structures économiques, des services et de l’emploi, dont ont besoin des millions de jeunes, aspirant à un travail qui leur assure la dignité.

Ces défis impliquent d’énormes responsabilités pour les parlements islamiques qui sont appelés à renforcer la démocratie et la confiance des peuples dans leurs institutions. Cela semble impossible sans la consolidation de la démocratie, le respect des droits humains, le renforcement de l’Etat de droit, permettant aux peuples de bâtir cet État à travers leur participation à la prise de décision et à la gouvernance des politiques publiques par le biais de leurs représentants. En effet, cela ne peut être dicté de l’extérieur, mais doit être un choix délibéré, volontaire et progressif, basé sur la capitalisation et prenant en considération le contexte et l’histoire de chaque pays; c’est sans aucun doute une revendication populaire et une nécessité historique. La démocratie n’est pas un luxe mais une nécessité et un besoin social pour garantir la stabilité, tout en étant un horizon universel.

Il n’y a aucun doute que cela renforce la cohésion sociale et interne de chaque pays et de l’État national ouvert sur son environnement proche et lointain.

Dans un contexte international mondialisé, il est indispensable d’œuvrer pour régler les conflits et les crises, et sécuriser les frontières entre les pays islamiques pour que celles-ci soient des canaux et des ponts de coopération et d’échanges humains et commerciaux, étant donné que les coûts des conflits internes et transfrontaliers sont exorbitants, et entravent le progrès et le développement.

Nos pays possèdent effectivement d’énormes potentialités de développement, que ce soit au niveau des ressources humaines, des compétences et de la main d’œuvre, des ressources naturelles, des marchés, ou de par leur position géographique, de sorte que rares sont les groupements géopolitiques capables de rivaliser avec les pays du monde islamique. Et en cela, nous aurons besoin, évidemment, de sagesse, de dialogue, d’écoute, de volonté politique, de respect mutuel et de non-ingérence dans les affaires internes des uns les autres, ainsi que du respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale de chaque pays, appelé à coexister et à se réconcilier avec son environnement et son contexte régional. Tels sont les principes universels que nous devons observer pour ne pas en être les victimes.

Mesdames Messieurs,

Nous vivons une période décisive de l’histoire du monde islamique dont la complexité est accrue à cause des stéréotypes injustes et fallacieux imputés à l’islam et aux musulmans, et que nourrissent les ignobles actes terroristes commis, au nom de l’islam, par des personnes dévoyées.

Et comme l'a affirmé Sa Majesté le Roi Mohammed VI en s’adressant à notre Union il y a 18 ans sous cette même coupole, nous sommes invités en tant que représentants des peuples "à l’avant-garde de ceux qui peuvent réfuter les allégations de ceux qui taxent l’islam d’extrémisme et de violence, profitant des comportements de ceux qui dévient de ses valeurs de tolérance…"

En laissant échapper les opportunités historiques qui s’offrent à nous, nous sommes en train de perdre un temps politique précieux dans des tournants historiques décisifs. Nous sommes appelés à nous interroger sur le coût économique, social, politique et stratégique de cette perte et à en tirer les leçons qui s’imposent. Au-delà de nos différences dans l’évaluation de ce coût, nous sommes tenus, dans la gestion de nos différends, de nos conflits et nos crises, de recourir à la sagesse, la raison et la logique des intérêts communs, et prioritairement les intérêts de nos peuples incarnés par la stabilité, la sécurité, le développement et la prospérité. Nos peuples sont las de tant de conflits, de discorde et de gaspillage des richesses dans des guerres et des conflits alors que nous possédons toutes les potentialités et les ingrédients d’une nouvelle renaissance.

Si notre religion nous incite à la tolérance, à la coexistence et au dialogue avec l’Autre, il nous incombe aujourd’hui de renforcer et de mettre en œuvre cette orientation, en consolidant ce dialogue afin de préserver la stabilité, la paix et la sécurité. Nous sommes aujourd’hui au Maroc pour exprimer notre prédisposition à nous impliquer dans toutes les initiatives et programmes qui seront adoptés par notre Union au niveau parlementaire, afin de participer à la résolution des conflits et tensions, à la faveur une paix durable basée sur la justice et l’équité.

Nous avons besoin de dialoguer, plus que jamais auparavant, car il n’y a aucune alternative à la quête de la paix, de la stabilité et de la sécurité; il n’y a aucune alternative à la coopération, la solidarité, la tolérance, le progrès et la prospérité commune.

Vous remerciant de votre généreuse écoute, je souhaite plain à nos travaux.

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